Le Nigeria propose l’asile au dictateur gambien Yahya Jammeh
Le Nigeria propose l’asile au dictateur gambien Yahya Jammeh
Le Monde.fr avec AP
Les députés nigérians ont offert le 12 janvier l’asile au président gambien Yahya Jammeh, qui s’accroche au pouvoir après avoir perdu dans les urnes.
Lorsque la pollution et l’agitation d’Abuja se font trop pesantes, les riches Nigérians se plaisent à passer quelques jours en Gambie, dont les plages sont propres et les rues moins embouteillées. C’est le voyage inverse que propose désormais le parlement nigérian au président gambien.
Sa Chambre basse vient de voter une motion accordant l’asile politique à Yahya Jammeh. Le texte a été voté par la Chambre des représentants jeudi 18 janvier, à la veille d’un nouveau déplacement en Gambie du président nigérian Muhammadu Buhari et de ses homologues du Liberia et de la Sierra Leone. Mandatés par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), ils ont pour mission de convaincre le président Jammeh d’accepter le verdict des urnes du 1er décembre donnant la victoire à Adama Barrow.
Une cour suprême sans juge
Au pouvoir depuis le coup d’Etat de 1994, il a dans un premier temps reconnu cette victoire, avant de la récuser une semaine plus tard et de réclamer un nouveau scrutin. Yahya Jammeh, dont le mandat expire le 18 janvier, refuse toujours de céder le pouvoir. Tout en privilégiant une solution diplomatique à la crise, la Cédéao menace d’intervenir militairement en Gambie. Yayha Jammeh, lui, a déposé un recours à la cour suprême, laquelle n’a pas de juge pour se réunir. Les juges devaient justement être fournis par le Nigeria…
Yahya Jammeh se sentirait-il en sécurité au Nigeria ? En 2003 le pays le plus peuplé d’Afrique avait proposé l’asile au seigneur de guerre libérien Charles Taylor pour mettre fin à la guerre civile qui depuis 1989 ravageait la Sierra Léone. Mais trois ans plus tard, sous la pression de la communauté internationale, les autorités nigérianes étaient contraintes de le remettre à la justice internationale. En 2013 Charles Taylor était condamné à une peine de 50 ans de prison.