Etudiants en soins infirmiers de l’Assistance publique - hôpitaux de Paris, lors d’une manifestation contre le coût des études, en décembre 2014. AFP PHOTO / ERIC FEFERBERG | ERIC FEFERBERG / AFP

Ecoles d’ingénieurs généralistes, formations dévolues à l’informatique… Les filières qui connaissent un « déficit » de jeunes filles sont bien identifiées, et se mobilisent – notamment sous la pression des recruteurs – pour attirer davantage de candidates et se rapprocher de la parité. Quelques filières, peu nombreuses, accusent au contraire un déséquilibre – plus ou moins marqué – en ­faveur des filles.

C’est en particulier le cas pour les écoles d’infirmières. Depuis quelques années, cependant, ces écoles voient arriver un nombre croissant d’élèves de sexe masculin. « Ils représentent aujourd’hui, en moyenne, 17 % de l’effectif, ­contre 12 % à 13 % il y a une dizaine d’années », indique Jacques Blacher, qui dirige les six instituts de formation en soins infirmiers de l’université Paris-Descartes.

Eviter les préjugés

C’est d’ailleurs pour éviter les préjugés liés au genre que ces écoles ont été rebaptisées de cette manière. Toutefois, le plus souvent, les jeunes infirmiers se ­tournent vers des formes d’exercice spécifiques de la profession – comme l’anesthésie ou les ­urgences. « Mais il n’est pas question d’instaurer des quotas ou une quelconque discrimination positive », précise Jacques Blacher. Qui observe aussi que l’ensemble des professions médicales se féminise de plus en plus : « La proportion est de l’ordre de 60 % de jeunes femmes en première année, et elle se renforce encore par la suite, car les filles réussissent mieux que leurs collèges masculins. »

La formation de sages-femmes est un cas extrême. Il y a quelques années, la présence d’un homme en formation semblait incongrue, tant la profession était une chasse gardée féminine. Aujourd’hui, la proportion d’hommes progresse, sans pour autant dépasser 2 % à 3 % des effectifs.

Comme pour les infirmières, la filière a changé son nom pour ­celui de « maïeutique », afin d’éviter toute allusion au genre. Mais l’effort pour ouvrir la profession aux hommes se limite là. Et les « maïeuticiens » restent une ­infime minorité.

« Nous ne cherchons pas à atteindre la ­parité »

Le déséquilibre existe aussi, mais de façon moins marquée, dans d’autres filières comme les écoles de chimie. A la Fédération Gay-Lussac, qui regroupe une vingtaine de ces établissements, on observe que les jeunes filles sont majoritaires avant tout dans les formations dévolues à la chimie organique et analytique, beaucoup moins dans le génie chimique et les technologies. « Mais nous n’avons pas de ­problème de rééquilibrage », indique Jacques Bousquet, le délégué général.

Même tendance dans les écoles d’ingénieurs spécialisées dans les industries agroalimentaires. A Oniris (Ecole nationale vétérinaire, agroalimentaire et de ­l’alimentation) de Nantes-Atlantique, les élèves vétérinaires sont à 80 % de sexe féminin.

« Les deux tiers de nos élèves sont des jeunes filles, indique, de son côté, Frantz Fournier, directeur des études à l’Ensaia (Ecole nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires) de Nancy. Mais nous ne cherchons pas à atteindre la ­parité. Les ­recruteurs ne nous le ­demandent pas. » Peut-être parce qu’ils ont eux-mêmes intégré certains stéréotypes liés au genre…