Les réserves indiennes du Canada comparées au système de l’Apartheid
Les réserves indiennes du Canada comparées au système de l’Apartheid
Le Monde.fr avec AFP
La comparaison fait partie d’un rapport officiel après une série de suicide dans une communauté indienne.
La loi canadienne sur les indiens est « archaïque et désuète » estime le bureau du coroner du Québec. | Flickr - Ted Eytan (CC BY-SA 2.0)
Dans un rapport publié samedi 14 janvier, le bureau du coroner du Québec met en cause le système des réserves autochtones au Canada, qu’il qualifie de « régime d’apartheid ». Ce rapport fait suite à une série de cinq suicides en 2015 dans une communauté innue d’Uashat Mak Mani-Utenam au nord-est de la province. Des suicides « évitables » d’après le coroner Bernard Lefrançois, en charge d’enquêter sur les morts violentes.
Le « mal-être individuel des cinq personnes concernées » s’inscrit dans « la trame de fond du mal-être collectif vécu par l’ensemble d’une communauté », explique l’auteur du rapport. Il est « temps de mettre fin » à ce système en vigueur « depuis 150 ans, sinon plus », conclut-il.
Un taux de suicide deux fois supérieur à la moyenne nationale
« La loi sur les Indiens qui est une loi archaïque et désuète établit deux sortes de citoyens, les autochtones et les non-autochtones », dit M. Lefrançois. Ils ont été « campés dans des réserves dans lesquelles ils ne peuvent pas se développer ni s’émanciper. Le message qui (leur)est continuellement envoyé est: vous êtes différents et incapables, » alerte le coroner.
L’enquête établit que les autochtones sont en général plus touchés par le chômage, la pauvreté, la consommation d’alcool et de drogues, la criminalité, la violence conjugale, le décrochage scolaire, le placement d’enfants et le suicide que les autres communautés. « Le taux de suicide chez les autochtones est deux fois supérieur à la moyenne nationale », signale le rapport.
Un conseiller politique de la communauté innue a salué le travail du coroner. « Nous savions déjà quel était le problème mais aujourd’hui, les Canadiens et les Québécois en savent un peu plus sur la situation et ce qu’il se passe au sein de la communauté », a expliqué Jean-Claude Therrien Pinnet à la chaîne publique CBC. L’emploi du terme Apartheid ne l’a pas choqué. « Je crois qu’avec ce que nous traversons, nous devons utiliser les bons mots et je pense que c’est le meilleur mot que j’ai vu dans le rapport », a-t-il commenté.
Le rapport adresse une quarantaine de recommandations aux pouvoirs publics comme la création d’un centre de prévention du suicide avec un personnel autochtone.