Quelles réformes pour réduire l’échec à l’université ?
Quelles réformes pour réduire l’échec à l’université ?
Pour parer aux défaillances d’orientation entre le lycée et l’enseignement supérieur, France stratégie propose de créer des parcours intégrés à cheval entre le lycée et le supérieur ou des parcours à la carte avant et après le bac.
Les difficultés se manifestent dès l’entrée dans le supérieur et elles se concentrent à l’université où à peine plus de quatre étudianst sur dix poursuivent après une première année en licence dans la deuxième année de la même formation. | GEORGES GOBET / AFP
La transition entre le lycée et l’enseignement supérieur reste encore un moment périlleux. Chaque année, 75 000 étudiants décrochent sans avoir obtenu de diplôme, soit 20 % des jeunes ayant commencé des études après le bac, rappelle une note d’analyse publiée le 12 janvier par France stratégie, organisme de réflexion placé sous l’autorité du premier ministre. Un enjeu d’autant plus important que les dix prochaines années seront marquées par une augmentation mécanique des effectifs du supérieur, avec l’afflux des générations nombreuses nées au début des années 2000.
Pour réduire les erreurs d’orientation et l’échec en première année, les auteurs de la note suggèrent de renforcer la continuité des enseignements de part et d’autre de cette frontière. Et suggèrent deux options : « La création, dans le cadre actuel, de plusieurs filières intégrées à cheval entre le lycée et le supérieur, visant notamment à favoriser la réussite des bacheliers professionnels », ou « la mise en place d’enseignements modulaires aussi bien avant qu’après le baccalauréat, permettant aux élèves et aux étudiants de construire à la carte leur parcours de formation, en fonction de leurs aspirations et des compétences qu’ils acquièrent et certifient au fil des modules suivis ».
Option 1 : créer des parcours intégrés secondaire-supérieur
Cette option vise à construire ou à développer des parcours de formation intégrés, avant et après le bac. Il s’agirait de renforcer les filières professionnelles de niveau bac + 2 et bac + 3, et d’en garantir l’accès aux bacheliers issus des filières professionnelle et technologique. Des licences professionnelles (en trois ans) au sein des universités ou dans certains lycées, proposées également aux bacheliers généraux, seraient créées. Enfin, les élèves souhaitant poursuivre dans les formations générales non sélectives de niveau licence devraient passer un test de positionnement, durant leur année de terminale au lycée, afin de leur apporter des réponses personnalisées : accompagnement renforcé, mise à niveau, orientation…
Option 2 : permettre de construire un parcours à la carte
Avec la deuxième option, les étudiants pourraient construire leur propre parcours à partir de modules de formation, au terme desquels les compétences acquises seraient clairement identifiées. Il s’agirait de rompre avec la logique des filières segmentées en sections. Dans ce schéma, une réforme profonde du lycée et du premier cycle du supérieur devrait être envisagée.
Au lycée, les élèves suivraient des modules de formation jugés indispensables à une formation générale commune à l’ensemble de la filière choisie. Progressivement, des modules de spécialisation seraient ajoutés. Le changement de filière serait facilité. Cette plus grande souplesse des parcours s’accompagnerait du développement de lycées polyvalents proposant à la fois les filières générale, technologique et professionnelle.
Le baccalauréat deviendrait alors une certification intermédiaire : il serait validé en contrôle continu avec la possibilité de maintenir des épreuves finales sur un nombre limité de matières.
Dans l’enseignement supérieur, les formations seraient également structurées en modules. Le nombre de spécialités en début de parcours serait fortement réduit, afin que le changement ne soit pas trop important pour les élèves entre le lycée et l’enseignement supérieur. La première année du cursus licence deviendrait une année de préparation aux études supérieures. Les étudiants choisiraient les modules en fonction des requis nécessaires pour poursuivre telle formation ou telle spécialité. Les résultats obtenus durant cette première année permettraient d’orienter plus précisément les étudiants.
L’Etat devrait veiller à la lisibilité des parcours pour les futurs recruteurs sur le marché du travail, avec une identification claire des compétences acquises par les étudiants. Par ailleurs, un corps enseignant commun aux lycées et aux établissements d’enseignement supérieur serait créé pour mieux assurer la continuité.