JOURNAL de la CAN Le Maroc marque le but de la qualification en quarts de finale contre les Ivoiriens
JOURNAL de la CAN Le Maroc marque le but de la qualification en quarts de finale contre les Ivoiriens
Par Youssef Ait Akdim (contributeur Le Monde Afrique, Casablanca)
Les Lions de l’Atlas ont décroché leur ticket face aux Elephants ivoiriens (1-0), tenants du titre. Une soirée vécue à Casablanca dans la sueur par l’équipe de Radio Mars.
Casablanca, mardi 24 janvier, 19 heures. Presque toute l’équipe de Radio Mars s’entasse dans le camion-régie. Presque, car quelques-uns sont partis au Gabon pour vivre la Coupe d’Afrique des nations « en live ». A 4 000 km de là, garé dans une station-service sur la route d’Al-Jadida, le studio mobile accueille l’émission « Culture foot spéciale CAN » : 25 m3 d’adrénaline répercutée sur les antennes de la première radio sportive du royaume, née en 2010. Une ambiance potache et pas toujours objective.
Dehors, collés à la large vitre du car-régie, des dizaines de fans et de badauds qui se contorsionnent et affrontent le froid pour capter un bout de l’écran de télévision. Dans le « bocal », le duo aux commandes de l’émission, Dounia Siraj et Karim Mourad, maillot vert de l’équipe nationale pour elle, maillot blanc floqué « Press » pour lui, décryptent le match et lancent les jingles publicitaires. Les Lions de l’Atlas marocains doivent se sortir les tripes face aux Eléphants ivoiriens, tenants du titre, pour gagner leur place en quarts de finale.
A la 25e minute, premières secousses dans le camion sur un coup franc pour le Maroc. Les animateurs se lèvent et crient : « Filet, filet ! Daba, daba ! [maintenant !] ». Mais la balle de Fayçal Fajr, milieu marocain, échoue sur la transversale. Tout le monde se rassied en soupirant. Mais l’occasion, même ratée, rassure après une longue domination des Ivoiriens. Arrivé en cours de match, Abdou Diop temporise. Cet expert-comptable associé chez Mazars est le directeur de la commission Afrique de la CGEM, le patronat marocain. Sénégalais installé au Maroc depuis un quart de siècle, il parle la darija comme un « local » et dit « nous » quand il parle des Lions : « Plus notre bloc joue bas, plus nous allons subir. Il faut poser le ballon et laisser l’adversaire venir. »
Première fois en treize ans
A la mi-temps, pause cigarette. « Attention, on est dans une station-service », rappelle un accro à la nicotine. A la reprise, il faut aller chercher le speaker Karim par le maillot pour ne pas rater le coup d’envoi. « Balle à terre ! Il faut jouer au sol et faire des passes courtes », répète comme un mantra Abdou Diop. A la 64e minute, Rachid Alioui enroule une frappe de 25 mètres qui se loge dans la lucarne opposée : « Buuuuuuuut ! » Pendant quatre-vingt-dix secondes, le camion tangue sous les sauts de joie de quinze personnes qui ont bondi comme un seul homme. On crie, on hurle, on se congratule. Le chroniqueur sportif Hamid Rouissi fait son mea culpa : « Je retire tout ce que j’ai dit sur Alioui ! »
Dans les coulisses, la directrice commerciale, Salwa Bencheikh, qui a sauté comme les autres, commence à y croire : « On travaille dimanche, les gars », lance-t-elle à l’équipe en faisant un clin d’œil. Le camion sera de sortie si le Maroc part en quarts de finale. Au fil des minutes, des « ça sent bon ça ! » s’enchaînent. A la 86e : « Il faut gagner du temps, il faut jouer à la tunisienne ! » Quelques secondes plus tard, le gardien marocain, qui semble avoir entendu les conseils du camion-régie, écope d’un carton jaune pour « gain de temps ». « Pourquoi les Tunisiens ne prennent jamais de jaune ? », s’interroge Dounia Siraj, au milieu des éclats de rire. Mais la tension ne retombe pas : les trois dernières minutes sont cathartiques. Les animateurs tapent sur les tables. « Attention, l’antenne va tomber ! », alerte un membre du staff. « On s’en fiche, on va en quarts ! », coupe un type, totalement survolté. Au coup de sifflet final, les Klaxons ont déjà envahi la nuit casablancaise. Le Maroc passe le premier tour de la CAN, pour la première fois en treize ans.