Le président Donald Trump a défendu samedi 28 janvier la légitimité du décret signé la veille interdisant pendant 90 jours l’entrée aux Etats-Unis des personnes en provenance de sept pays d’Afrique et du Moyen Orient. Alors que les conséquences de ce texte, qui s’applique aux détenteurs de permis de séjour légaux, visas d’étudiants ou carte verte, a provoqué une extrême confusion et bloqué des centaines de personnes en transit se trouvant dans ce cas, M. Trump a estimé que tout « marche très bien ». Ce ban touche également des réfugiés acceptés aux Etats-Unis au terme d’un long processus de contrôle.

« Nous étions totalement préparés. On le voit dans les aéroports, on le voit partout », a assuré le président contre toute évidence à l’occasion de la signature d’autres décrets présidentiels, dans le bureau Ovale de la Maison Blanche. Au même moment, des centaines de manifestants étaient massées devant l’aéroport JFK de New York, pour exiger la libération de voyageurs empêchés d’entrer sur le territoire américain en dépit de documents en règle.

Face à cette confusion et alors que de premières plaintes ont été déposées, de hauts responsables de la nouvelle administration, s’exprimant officieusement, ont défendu le texte assurant que toutes les dispositions nécessaires avaient été prises en amont avec les administrations concernées, le département d’Etat et le département de la sécurité intérieure.

Une affirmation contestée tout aussi officieusement par des responsables de ces dernières auprès de la presse américaine, évoquant des briefings seulement vendredi. Les conseillers de la Maison Blanche ont défendu une lecture stricte du décret en assurant que le sort des détenteurs de permis de séjour légaux se trouvant actuellement à l’étranger serait examiné « au cas par cas ». Selon les associations opposées à ce texte, un demi-million de résidents serait concerné par la mesure.

Une composition intrigante

M. Trump, soutenu par les responsables républicains du Congrès, le speaker (président) de la Chambre des représentants Paul Ryan et le responsable de la majorité sénatoriale Mitch McConnell, a assuré que son décret ne visait pas les musulmans mais des pays considérés comme dangereux. Les sept concernés – Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen – sont cependant peuplés à une écrasante majorité par des musulmans.

Par ailleurs, la composition de cette liste intrigue. Si elle comporte effectivement des Etats en proie à des troubles, elle ne comprend pas l’Afghanistan, le Pakistan et l’Arabie saoudite auxquels étaient liés les responsables des attentats de San Bernardino (Californie) et d’Orlando (Floride), en décembre 2015 et juin 2016. Il s’agit des attaques les plus meurtrières perpétrées sur le territoire américain depuis ces derniers mois.

M. Trump assure en outre vouloir combattre en priorité l’organisation Etat islamique – il a d’ailleurs signé à cet effet samedi un décret pour obtenir un plan d’attaque sous trente jours –, alors que cette dernière n’est pas implantée en Iran, pays à majorité chiite. Le « terrorisme islamique radical » qu’il a dénoncé dans son discours d’investiture, le 20 janvier, renvoie ordinairement à des groupes sunnites.