Le conseiller Stephen Bannon lors d’une conférence de presse de Donald Trump, le 11 janvier 2017 à New York. | DON EMMERT / AFP

La lumière gêne de moins en moins « Dark Vador ». Lorsqu’il avait pris les commandes de la campagne de Donald Trump, en août 2016, le directeur du site controversé Breitbart News, site nationaliste et ultraconservateur, Stephen Bannon, avait surtout agi dans l’ombre. Il avait laissé les premiers fidèles du milliardaire ou sa stratège, Kellyanne Conway, occuper les avant-postes, expliquer, déminer et défendre le candidat.

La retenue n’est plus de mise pour celui qui s’était comparé au terrifiant guerrier de la saga cinématographique dans l’un de ses rares entretiens publiés après la victoire. Stephen Bannon est désormais omniprésent aux côtés de M. Trump dans la mise en scène de la rupture que la nouvelle administration veut opérer, lors des signatures des décrets présidentiels comme lors des entretiens téléphoniques avec les dirigeants étrangers.

Un texte paraphé samedi par le président garantit d’ailleurs un rôle à l’idéologue de la campagne dans toutes les réunions stratégiques du Conseil de sécurité national que dirige l’ancien général Michael Flynn. Cet outil du président est devenu central, au fil des décennies, dans la définition et la déclinaison de la politique étrangère.

Canal officiel

Symboliquement, cette promotion s’accompagne d’une rétrogradation significative : celles du directeur du renseignement national et du chef d’état-major. L’un comme l’autre n’assisteront à ces réunions que lorsqu’il sera jugé qu’elles concernent leur domaine de « responsabilités et d’expertise ».

La pesanteur de la Maison Blanche favorise ordinairement le chef de cabinet, fonction exercée par un apparatchik du Parti républicain, Reince Priebus, maître de l’agenda de M. Trump. Mais ce décret témoigne de l’importance que conserve celui qui veut ouvertement transformer le Grand Old Party en formation populiste et qui a, semble-t-il, noué une relation de confiance avec un autre pilier de la nouvelle équipe, Jared Kushner, le gendre du milliardaire.

L’ancien responsable de Breitbart News, devenu le canal officiel de la nouvelle présidence, a choisi son contraire, le New York Times, pour jouir le 26 janvier de la vengeance procurée par la victoire du 8 novembre, longtemps jugée improbable. « Les médias devraient se sentir embarrassés et humiliés, ils devraient la fermer et écouter. Vous êtes le parti de l’opposition. Les médias sont le parti de l’opposition. Et je veux que vous me citiez », a-t-il asséné.