Le DJ et chanteur Yuksek : « Je n’ai pas de chansons à texte. C’est pour ça que j’écris en anglais »
Le DJ et chanteur Yuksek : « Je n’ai pas de chansons à texte. C’est pour ça que j’écris en anglais »
M le magazine du Monde
Figure de l’électro française, le Rémois a invité plusieurs artistes dans « Nous Horizon », son album à l’atmosphère soul et disco, à paraître fin février. Pas facile de trouver des dates de concert avec tout le monde.
Yuksek enregistre les voix de ses invités dans son grand studio, à Reims. | Axel Morin
« Je ne me suis jamais considéré comme un vrai chanteur. Je ne me sens pas vraiment à ma place comme lead singer en studio et encore moins sur scène. À mes débuts, je produisais surtout une techno instrumentale où la voix était très trafiquée. Aujourd’hui, j’aime écrire des morceaux, mais la voix reste un simple instrument. Je n’ai pas de chansons à texte. C’est d’ailleurs pour cela que j’écris en anglais. En français, je ressentirais plus fortement le besoin de sens, mais je suis trop impressionné par les grands paroliers pour m’essayer à ça. Nous Horizon est proche de la soul et du disco. J’aime ces sons produits entre 1976 et 1982, quand cette musique était encore jouée avec de vrais instruments.
Je chante sur les titres les plus nonchalants, ceux qui ne demandent pas trop de technique. Pour les autres, j’ai proposé à des invités de s’en charger. J’ai rencontré Victor Solf, un des deux chanteurs du groupe Her. Puis, après avoir croisé les Londoniens de Breton en tournée, j’ai demandé à leur chanteur, Roman Rappak, d’interpréter Live Alone. J’aime sa façon très anglaise de bouffer les mots, cela ajoute du mystère et donne à son chant une émotion particulière.
J’ai contacté la chanteuse grecque Mónika, qui interprète deux titres, lors d’une tournée aux États-Unis. Nous nous sommes croisés à Los Angeles, où elle habitait alors. J’avais adoré le single Secret in the Dark, qu’elle avait enregistré avec les Dap-Kings. Il y avait le groove sensuel du disco, mais aussi une fragilité un peu androgyne.
Je ne suis pas un grand fan des voix féminines du R’n’B. Ces filles savent presque trop bien chanter, leurs musiques surproduites imposent des émotions à la pelle sans m’en procurer une seule.
Plutôt que travailler par échange de fichiers numériques, j’ai demandé à ces artistes de venir dans mon studio, à Reims. Le lieu est spacieux, confortable, avec beaucoup de matériel et d’instruments. Comme je peux recevoir des gens dans ma grande maison, j’ai l’impression de faire à la fois studio d’enregistrement et Bed and Breakfast.
J’ai conscience que ce principe de featuring pose un véritable casse-tête quand vient l’heure des concerts. Mónika vit en Grèce, Her va sortir son premier album et tourne sans arrêt… Nous sommes quatre instrumentistes sur scène et je nous vois mal jouer avec des voix enregistrées, sachant que je suis incapable de chanter les titres de mes invités. Je n’ai ni leur tessiture ni leur vélocité… Nous essayons de trouver des dates où tout le monde est là. Pour l’instant, sont calés les concerts de La Cigale et du Printemps de Bourges. J’ai par ailleurs de quoi m’occuper, avec mes DJ sets, mes productions et les compositions de musiques de film. »
« Nous Horizon », de Yuksek, 1 CD Partyfine/Barclay/Universal (à paraître le 24 février). En concert le 12 avril, à La Cigale à Paris, le 22, au Printemps de Bourges.
Le morceau « Sunrise », un des treize titres de « Nous Horizon »
Yuksek - Sunrise
Durée : 03:42