Face aux enquêteurs de la police judiciaire, Penelope Fillon s’est défendue pied à pied, lundi 30 janvier. Dans une longue audition, elle a tenté de justifier les périodes où le député François Fillon l’a employée en tant que collaboratrice parlementaire, de 1988 à 1990, puis de 1998 à 2002 et enfin de mai 2012 à novembre 2013. « Je lui préparais des fiches », a-t-elle notamment indiqué, selon les informations du Monde.

Dès le lendemain, mardi 31 janvier, les enquêteurs se sont rendus à l’Assemblée nationale pour vérifier ses dires. Ils ont saisi des documents, dont un dossier – vide – où apparaissent les prénoms « Penelope » et « Sylvie ». Vraisemblablement un parapheur utilisé à la fois par Penelope Fillon et Sylvie Fourmont, autre collaboratrice de M. Fillon. « Il m’arrivait de le représenter », a précisé Mme Fillon au sujet de son mari, citant notamment le Festival baroque de Sablé-sur-Sarthe. Elle a également assuré qu’elle transmettait les demandes d’emploi, comme les réclamations, à l’administration, tout en tenant l’agenda de son mari, et en rédigeant une revue de presse.

Les policiers l’ont aussi questionnée sur son emploi auprès du député de la Sarthe, Marc Joulaud, de mai 2002 au 31 août 2007, époque où François Fillon fut successivement ministre, sénateur, puis premier ministre. Sa rémunération – dont le montant aurait été fixé par M. Joulaud – était versée sur son compte personnel, puis reversée sur le compte joint du couple Fillon. « C’est M. Joulaud qui a déterminé le montant », a-t-elle dit aux policiers, en contradiction apparente avec les propos de M. Fillon sur procès-verbal, revendiquant pour sa part avoir décidé de son salaire. C’est M. Fillon qui se serait occupé des formalités administratives : impôts, Urssaf…

« Deux casquettes »

Pourquoi M. Joulaud ? « Il avait besoin de moi pour asseoir son autorité », a-t-elle dit aux policiers. Elle rencontrait M. Joulaud une fois par semaine à Paris, et une autre fois le week-end, dans la Sarthe, pour des entretiens « très informels ». Parfois, elle lui remettait « des notes », pour autant, il n’y avait, selon elle, « jamais de compte rendu écrit » à l’issue de leurs réunions. Elle avait donc « deux casquettes », a-t-elle expliqué, tout en reconnaissant que « les gens ne savaient pas [qu’elle était] l’assistante parlementaire de M. Joulaud ». Elle l’a avoué aux policiers : « Jamais je n’ai officialisé ma qualité d’assistante parlementaire de Marc Joulaud, pas plus que quand je faisais le même travail pour mon mari. »

Durant toutes ces années, selon les décomptes du Canard enchaîné, elle aurait perçu 831 440 euros brut. Les enquêteurs nourrissent aussi des soupçons sur son véritable rôle à la Revue des deux mondes, qui lui a versé environ 100 000 euros en tant que conseillère littéraire entre mai 2012 et décembre 2013. Elle aurait rédigé plusieurs notes, produites devant les enquêteurs, mais se serait heurtée à l’hostilité et aux réticences de Michel Crépu, directeur de la revue. « Les choses ne se sont pas bien passées, a d’ailleurs assuré M. Fillon aux policiers, le directeur de cette revue l’a prise en grippe. »