Le premier ministre, Sorin Grindeanu, lors d’un discours à Bucarest (Roumanie), le 4 février 2017 | © Stoyan Nenov / Reuters / REUTERS

Sans surprise, le Parlement, largement dominé par les sociaux-démocrates, a rejeté une motion de censure déposée par l’opposition libérale. Mercredi 8 février, seuls 161 élus ont voté pour, alors qu’il aurait fallu 233 voix pour renverser le gouvernement. Sorin Grindeanu, le premier ministre au pouvoir depuis un mois, reste aux commandes.

Même avant le vote, M. Grindeanu, 43 ans s’était dit déterminé à se maintenir au pouvoir, par « devoir envers la confiance populaire gagnée dans les urnes ». La tension avec le président roumain de centre droit, Klaus Iohannis, qui n’a cessé de s’amplifier depuis les législatives de décembre, reste exacerbée : alors que le chef de l’Etat avait suggéré mardi une démission de l’exécutif, le premier ministre lui a reproché « son vif souhait d’installer rapidement son gouvernement ».

Cadre du Parti social-démocrate (PSD) sans grande expérience nationale, M. Grindeanu se retrouve en première ligne pour affronter des manifestations inédites en Roumanie depuis la révolution de 1989, qui a eu raison du régime communiste.

Son gouvernement a eu beau retirer dimanche le décret incriminé, qui révisait le code pénal et mettait à l’abri de nombreux suspects de corruption, la colère des opposants ne s’éteint pas, même si la fréquentation des manifestations a marqué le pas depuis les rassemblements monstres de dimanche dans tout le pays.

La seule abrogation du décret ne suffit pas

Exhibant, avec d’autres députés, un brassard où était inscrit « démission », l’ancien ministre de la justice Catalin Predoiu (libéral) a dénoncé le « décret honteux » qu’avait adopté le gouvernement le 31 janvier, de nuit, au nez du parlement.

Le chef du PSD, Liviu Dragnea, a réitéré mercredi son soutien à M. Grindeanu, qu’il avait lui-même désigné en décembre pour diriger l’exécutif. Mais il a admis que la seule abrogation du décret ne suffisait pas.

« Le gouvernement a compris le message des manifestants. D’autres mesures vont suivre pour mettre fin à ce conflit provoqué par une mauvaise communication », a-t-il assuré, sans donner de détails.

M. Dragnea, également chef de la Chambre des députés, cristallise la colère des manifestants, pour lesquels il incarne une classe politique décrédibilisée. Une condamnation à deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale l’avait empêché de briguer le poste de premier ministre, et il est actuellement en procès dans une affaire d’emplois fictifs. Le décret gouvernemental aurait mis fin ses ennuis judiciaires, critiquent ses opposants.

Roumanie : 500 000 manifestants dans la rue contre le gouvernement
Durée : 00:59