Rodolphe Saadé (à droite), en 2015 à Marseille. | BORIS HORVAT / AFP

CMA-CGM, le champion français du transport maritime, change de capitaine. Jacques Saadé l’a annoncé à ses troupes mardi 7 février, à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire : il passe la main à son fils aîné Rodolphe, qui devient le directeur général du groupe. Son père ne garde que le titre de président du conseil, un poste non opérationnel, au moins sur le papier.

Jacques Saadé, le patriarche libanais qui a fondé le groupe il y a près de quarante ans, vient encore tous les jours au siège, dans la grande tour qui domine le port de Marseille, et anime tous les mardis « sa » réunion, avec une quinzaine de proches collaborateurs. En pratique, toutefois, c’est son fils Rodolphe, 47 ans le 3 mars, qui depuis quelques mois déjà gère les activités du groupe familial.

Une place à assurer

Une transition en douceur, officialisée à présent par des changements de titres. Elle correspond au scénario prévu par Jacques Saadé de longue date. « Dans notre culture orientale, c’est toujours le fils aîné qui prend le relais, explique Rodolphe Saadé. Mon père a été clair dès le départ, en disant : Je souhaite que mes trois enfants travaillent dans l’entreprise, mais il faut un chef, et pour me succéder le jour venu, ce sera Rodolphe. » Ainsi soit-il… Aujourd’hui, Rodolphe monte en puissance, sa sœur Tanya est directrice générale déléguée, et son frère Jacques Junior s’occupe de l’immobilier.

En 2016, Rodolphe Saadé a gagné ses galons de patron en menant à bien la plus grande acquisition jamais tentée par le groupe, celle du singapourien NOL, pour 4,7 milliards d’euros. Cette opération doit assurer la place de la CMA-CGM parmi les trois ou quatre compagnies appelées à dominer durablement le marché.

Coïncidence : la transition à la tête de CMA-CGM intervient le même jour que le départ du président du danois Maersk, le leader mondial du transport maritime. Un changement beaucoup plus brutal et involontaire. C’est après l’annonce d’une perte annuelle de 1,9 milliard de dollars (1,8 milliard d’euros), que Michael Pram Rasmussen a démissionné de ses fonctions. Il était en poste depuis quatorze ans.