Plus de trois mois après la signature du décret autorisant la création du fichier TES (titres électroniques sécurisés), les esprits ne semblent pas apaisés. Le Conseil national du numérique (CNNum), organisme consultatif indépendant chargé de conseiller l’Etat en matière de politique numérique, a réaffirmé « ses préoccupations », dans un communiqué publié mercredi 8 février, quelques jours après la publication d’un rapport sur la sécurité informatique du fichier.

Ce « mégafichier » est censé réunir les données personnelles et notamment biométriques de tous les détenteurs de carte d’identité et de passeport afin de lutter contre la fraude. Mais sa mise en place suscite aussi de nombreuses inquiétudes : ses détracteurs redoutent notamment qu’il soit utilisé à mauvais escient ou que les données qu’il contient puissent être dérobées.

« Une généralisation à la hâte »

Vivement critiqué, et interpellé notamment sur la robustesse technique de la sécurité du fichier, le gouvernement l’a fait examiner par l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) et la Dinsic (Direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’Etat). Dans leur rapport rendu public le mois dernier, ces deux organismes jugent que la sécurité du fichier est « perfectible » mais ils estiment que « les principes de conception du système TES sont compatibles avec la sensibilité des données qu’il contient ».

Insuffisant, selon le CNNum, qui considère de son côté que « les conclusions de cet audit sont incompatibles avec une généralisation à la hâte du système TES ». Pour le CNNum, le fait que ce rapport évoque « un certain nombre de vulnérabilités de gravité variable » est « particulièrement alarmant dans un contexte où les fuites de données sont légion et où la situation géopolitique internationale appelle à redoubler de vigilance quant aux données sensibles de nos concitoyens ».

Parallèlement, le CNNum « appelle les candidats à l’élection présidentielle à exprimer leurs positions sur le fichier TES ». Car, selon lui, « le débat sur le fichier TES ouvre des questions techniques, organisationnelles, mais aussi éthiques sur la banalisation de la biométrie ».