LA LISTE DE NOS ENVIES

En vacances ou pas, profitez du week-end pour plonger dans un bouillon de culture.

MUSIQUE. Fantasio ouvre la saison de l’Opéra-Comique

On avait espéré la version scénique du Fantasio d’Offenbach recréé au Festival de Radio France le 18 juillet 2015, laquelle avait offert au compositeur de La Belle Hélène et des Contes d’Hoffmann une reconnaissance que la première parisienne de janvier 1872 à l’Opéra-Comique lui avait dénié.

Ce sera donc chose faite, et à l’Opéra-Comique, qui ouvre sa saison (tronquée) non pas encore dans la Salle Favart, dont les travaux ne sont pas terminés, mais au Théâtre du Châtelet, qui vient justement d’être fermé pour travaux. Comprenne qui veut.

Comme au Corum en 2015, le succès reposera sur les épaules vocales d’une distribution choisie avec un soin jaloux jusqu’au plus petit des seconds rôles. La charismatique Marianne Crebassa en Fantasio de luxe, fantasque dandy (merveilleuse « Ballade à la lune ») qui va jusqu’à endosser l’habit d’un défunt bouffon pour approcher la princesse Elsbeth et perturber son mariage avec un prétentieux prétendant. Et son rival comique, le prince de Mantoue par un Jean-Sébastien Bou investi jusqu’au bout des ongles.

Défenseur de la partition amoureusement reconstituée par le spécialiste d’Offenbach, Jean-Christophe Keck, l’excellent Laurent Campellone à la tête de l’Orchestre philharmonique de Radio France. Quant à Thomas Jolly, il signe là sa deuxième mise en scène lyrique, après le calamiteux Eliogabalo de Cavalli en ouverture de saison à l’Opéra de Paris. Espérons que cette fois les dieux de l’opéra soient avec lui. Marie-Aude Roux

Théâtre du Châtelet, place du Châtelet, Paris 1er. Mo Châtelet. Du 12 au 27 février. Tél. : 01-40-28-28-40. De 6 € à 135 €.

THÉÂTRE. « La Règle du jeu » dérègle la Comédie-Française

Depuis qu’Eric Ruf en est devenu l’administrateur général, la Comédie-Française s’ouvre sur tous les fronts. En début de saison, le Flamand Ivo van Hove a mis en scène Les Damnés, d’après le scénario du film de Lucchino Visconti.

En ce début d’année, la Brésilienne Christiane Jatahy met en scène le scénario d’un autre film, La Règle du jeu, de Jean Renoir. Et elle « casse la baraque », comme on dit, en actualisant le texte, et en imbriquant théâtre et cinéma.

Il n’est pas sûr que Jean Renoir retrouverait son chef-d’œuvre dans ce spectacle, mais il ne fait aucun doute que Christiane Jatahy bouscule avec succès les règles du jeu. Le spectacle commence et s’achève avec un film, qui nous emmène dans les lieux cachés au public de la Comédie-Française, des loges aux cuisines en passant par les escaliers de service, qui deviennent le décor d’un hôtel particulier parisien où Robert de la Chesnay donne une fête pour ses invités. Lesquels se retrouvent sur le plateau de la salle Richelieu, où ils jouent la scène du bal d’une manière totalement extravagante, avec appels au public, chansons (Aznavour, Dalida, Giglio Cinquetti), un drone, du champagne…

Dans ce show, un comédien se révèle fabuleux, Serge Bagdassarian, au milieu d’une troupe à son zénith, qui reçoit du public un accueil enthousiaste mérité. Brigitte Salino

Comédie-Française, place Colette, Paris 1er. Mo Palais-Royal. Tél. : 01-44-58-15-15. De 5 € à 42 €. Durée : 1 h 50. En alternance, jusqu’au 15 juin. Vendredi 10 à 20 h 30, dimanche 12 à 14 heures.

PHOTOGRAPHIE. Le Chinois Gao Bo à la Maison européenne de la photographie

Une installation de Gao Bo. | MA XIAOCHUN/BO STUDIO

Spectaculaire, l’installation du Chinois Gao Bo à la Maison européenne de la photographie. Et ça commence dès le jardin japonais du musée, dans l’entrée, où l’artiste a entassé 1 000 pierres ornées des visages de 1 000 Tibétains, accompagnés d’un millier de bougeoirs fabriqués là-bas.

A l’intérieur du lieu, le Chinois a aussi revisité ses anciennes photos du Tibet en les retouchant d’une encre faite avec son propre sang. Un cri désespéré pour dire le sort réservé par la Chine à la nation tibétaine ? L’intéressé dément. « L’art est une blessure. Il y a de la souffrance dans toute mon œuvre », dit l’artiste, qui martyrise ses images en les recouvrant de peinture, brûle ses châssis, colle des branches d’arbres bandées comme des membres amputés, invente une écriture automatique.

La mort de sa mère, la maladie d’une amie atteinte d’un cancer, le sort des condamnés à mort chinois donnent lieu à des installations qui évoquent parfois l’artiste allemand Anselm Kieffer. Un univers pas toujours subtil, mais visuellement très efficace. Claire Guillot

Maison européenne de la photographie, 5-7 rue de Fourcy, Paris 4e. Mo Saint-Paul. Tel. : 01-44-78-75-00. Jusqu’au 9 avril. Ouvert du mercredi au dimanche, de 11 heures à 19 h 45. De 4,5 € à 8 €.

MUSIQUE. William Z. Villain et son ancestrale guitare aux Nuits de l’Alligator

William Z Villain -- Anybody Gonna Move? (Official Video)
Durée : 04:37

Le festival des Nuits de l’Alligator aime présenter de jeunes artistes qui puisent dans les racines des musiques populaires américaines et du blues en particulier, un remède à l’hygiénisme numérique.

Outsider le plus attendu de l’édition 2017, William Z. Villain se passionne pour les chansons d’avant l’industrie du disque. Armé de son ancestrale guitare National, ce gars du Wisconsin qui, quand il ne fait pas de musique, part travailler dans les fermes bio de Caroline du Nord, n’en a pas moins sorti un magnifique premier album qui porte son nom publié par un label français (Normandeep Blues !), hanté de métissages fantasmés (chant du Mississippi, rebetiko grec, mambo…). Stéphane Davet

Festival Les Nuits de l’Alligator : Le 11, à Dijon ; le 12, à la Maroquinerie, 23, rue Boyer, Paris 20e. Mo Ménilmontant ou Gambetta. Tél. : 01-40-33-35-05. 19 h 30. 19,80 €.

PHOTOGRAPHIE. Quand les artistes font des plis

Michel Le Belhomme, série « Les deux labyrinthes ». | MICHEL LE BELHOMME/COURTESY GALERIE BINÔME

La galerie parisienne Binôme a trouvé un thème paradoxal pour sa récente exposition collective, qui réunit artistes maison et invités : le pli. Parce que, par définition, une photographie n’a que deux dimensions et si elle plie, c’est qu’elle est abîmée.

Mais la thématique permet de regrouper des artistes qui, justement, interrogent la matérialité de la photographie et remettent en cause sa capacité à refléter fidèlement la réalité. Et le tout donne des travaux non seulement intelligents mais fascinants à regarder.

Mustapha Azeroual a photographié des zones montagneuses, et imprimé ces images sur un papier japonais qui, une fois mouillé, devient souple : on dirait un foulard, dont les plis jouent avec les plis du sujet d’origine.

La jeune Marie Clerel enduit des toiles d’un produit sensible à la lumière, et les expose ainsi mouillées dans des endroits où on l’invite. Selon la lumière du lieu, le bleu du cyanotype est plus ou moins éclatant, et des plis se dessinent. Dans la toile finale – pourtant totalement plane –, on retrouve ces faux plis qu’a tracés la lumière, comme un rappel de la nature de la photographie, qui fait surgir des fantômes, et fait croire à ce qui n’est plus. Claire Guillot

Galerie Binôme, 19, rue Charlemagne, Paris 4e. Mo Saint-Paul. Jusqu’au 25 mars.

THÉÂTRE. Un soir avec des acteurs issus de la diversité, au Théâtre de la Colline

Depuis 2014, le Théâtre national de la Colline à Paris mène un remarquable travail avec de jeunes acteurs issus de la diversité, qui suivent une formation puis présentent un spectacle. A ce programme, appelé « 1er acte », s’associent désormais le Théâtre national de Strasbourg et le Centre chorégraphique national de Grenoble.

Pour l’édition 2017, les dix-sept participants, choisis parmi 200 candidats, ont fait des stages dans ces deux villes, sous la direction de Stanislas Nordey et de Rachid Ouramdane. Depuis début février, ils sont à Paris, où ils achèvent leur formation, sous la direction de Wajdi Mouawad, le directeur de La Colline. Samedi 11, à 20 h 30, ils présenteront le résultat de leur travail, dans la grande salle du théâtre, ouverte gracieusement à tout le monde, dans la limite des places disponibles. Il vaut mieux appeler pour réserver. B. S.

Théâtre national de la Colline, 15, rue Malte-Brun, Paris 20e. Mo Gambetta. Tél. : 01-44-62-52-52.