TV : Quand les hold-up étaient patriotiques
TV : Quand les hold-up étaient patriotiques
Par Daniel Psenny
A voir aussi ce soir. David Korn-Brzoza relate les méthodes, parfois spectaculaires, de la Résistance pour se financer (sur Toute l’Histoire à 20 h 45).
L'Argent de la Résistance
Durée : 01:33
L’argent est le nerf de la guerre. Pendant l’Occupation, les résistants en ont fait l’amer constat. La Libération eut un prix. Pour combattre dans la clandestinité, il fallait de l’argent afin de pouvoir s’armer, produire de faux papiers, imprimer des journaux, trouver des planques et manger.
Or, à Londres, où s’était établi le général de Gaulle dès juin 1940 avec une poignée de fidèles, les caisses étaient vides. De Gaulle n’avait pas grand-chose à donner aux chefs de réseau et l’avenir de la Résistance dépendait surtout du bon vouloir de Churchill, qui « tenait » le chef de la France libre par les cordons de la Bourse. Sans l’aide matérielle et financière de Londres, la Résistance serait restée impuissante face à l’ennemi. Il lui a donc fallu s’organiser elle-même.
C’est ce que nous raconte David Korn-Brzoza dans son passionnant documentaire L’Argent de la Résistance, qui retrace les grandes difficultés de De Gaulle à unifier tous les mouvements résistants sous la houlette de Jean Moulin et révèle la façon dont, las d’attendre les armes et les subsides venus du ciel, ils se sont servis lors de « hold-up patriotiques ».
Le plus grand casse de tous les temps
Banques, bureaux de poste, centres des impôts ou riches particuliers, tous furent braqués avec, chaque fois, « un bon de réquisition » remboursable à la Libération. « Les bureaux de poste, ça permettait de ne pas dévaliser les gens. C’était de l’argent public, on ne portait tort à personne comme ça », explique le résistant Marcel Larocque. Mais le plus beau coup de la Résistance fut réalisé en juillet 1944 par le maquis du Limousin. Cet été-là, à la gare de Neuvic-sur-l’Isle, en Dordogne, 150 maquisards, aidés par le personnel des chemins de fer, attaquèrent le train Périgueux-Bordeaux. Butin : plus de 2 milliards de francs de l’époque, soit 400 millions d’euros d’aujourd’hui ! Le plus gros casse de tous les temps ! De l’argent qui servit à la Résistance mais qui va aussi la salir.
A la Libération, une partie seulement du magot fut reconstituée ; de grandes figures de la Résistance, mises en cause par des rivaux, seront accusées d’avoir détourné une partie de l’argent à leur profit. Corruption ? Enrichissement personnel ? Financement de partis politiques ? Personne ne le sait trop.
Après la guerre, le général de Gaulle, qui avait fait un point d’honneur à justifier toutes ses dépenses, ordonna une enquête secrète dont les conclusions ne furent pas connues. Le règlement des comptes n’eut donc jamais lieu.
L’Argent de la Résistance, de David Korn-Brzoza (Fr., 2012, 70 min).