Accusée de « propagande de guerre », CNN en espagnol suspendue au Venezuela
Accusée de « propagande de guerre », CNN en espagnol suspendue au Venezuela
Le Monde.fr avec AFP et AP
L’arrêt du signal de la chaîne intervient deux jours après que les Etats-Unis ont infligé des sanctions au vice-président du pays, Tareck El Aissami.
L’arrêt du signal de CNN en espagnol, le 15 février, intervient deux jours après que les Etats-Unis ont infligé des sanctions au vice-président du pays, Tareck El Aissami (ici le 31 janvier à Caracas). | JUAN BARRETO / AFP
CNN fait de la « propagande de guerre, basée sur des erreurs », a estimé mercredi 19 février, le gouvernement vénézuélien, justifiant ainsi la suspension sur son territoire du signal en espagnol de la principale chaîne d’information d’Amérique latine. Cette décision intervient deux jours après que les Etats-Unis ont infligé des sanctions au vice-président du pays, Tareck El Aissami, pour trafic de drogue.
Les journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) ont constaté que CNN en espagnol n’était plus disponible depuis l’après-midi par les différentes entreprises de câble au Venezuela, dont DirecTV, Intercable, Supercable, Net Uno et Movistar. En revanche, CNN International, sa version anglophone, continuait d’être diffusée.
Un peu plus tôt dans la journée, la ministre des affaires étrangères Delcy Rodriguez avait annoncé que des mesures allaient être prises contre la chaîne qu’elle accuse de transmettre des informations partisanes et erronées. Elle Rodriguez faisait référence à un reportage diffusé le 6 février sur un trafic supposé de visas et de passeports vénézuéliens depuis l’ambassade du pays en Irak. La chaîne citait Tareck El Aissami comme un des organisateurs.
Dimanche, le président socialiste Nicolas Maduro s’en était déjà pris à CNN en espagnol lors de son émission hebdomadaire : « Je veux que CNN sorte du Venezuela, dehors ! »
« Misérable et infâme agression »
M. El Aissami est considéré comme le probable successeur de M. Maduro. Il représente l’aile dure du parti socialiste au pouvoir. Il s’est vu geler, lundi, ses avoirs éventuels aux Etats-Unis et interdire tout échange commercial transitant par le système financier américain. Il a réagi mardi avec virulence à ces sanctions, qualifiées de « misérable et infâme agression », tandis que le gouvernement remettait mercredi deux lettres de protestation au chargé d’affaires américain dans le pays.
Les relations entre Washington et Caracas sont âpres depuis l’arrivée au pouvoir en 1999 d’Hugo Chavez, célèbre pour ses diatribes antiaméricaines. Les tensions se sont poursuivies avec l’élection en 2013 de son successeur Nicolas Maduro, tout aussi virulent contre « l’empire ». Les deux pays n’ont plus d’ambassadeur respectif depuis 2010.