Les points de divergences entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon
Les points de divergences entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon
Par Simon Auffret
Les désaccords sur le revenu universel, la réforme fiscale ou la politique internationale empêchent tout rapprochement entre les deux candidats.
Le rapprochement évoqué entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon depuis la victoire de l’ancien ministre de l’éducation à la primaire de la gauche, le 29 janvier, semble de plus en plus improbable au fil des semaines. Les points d’accord sur l’opposition au CETA (accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada) ou sur la transition écologique ne suffisent pas à masquer les divergences, importantes, qui séparent le candidat du Parti socialiste de celui de la France insoumise.
Sur l’économie
Le revenu universel :
Benoît Hamon souhaite une mise en place par étapes d’un revenu de base inconditionnel, qui serait dans un premier temps réservé aux 18-25 ans.
Jean-Luc Mélenchon est contre ce qu’il qualifie de « trappe à pauvreté ». Il y voit une menace pour les salaires et refuse une « résignation face à l’idée que le travail est uniquement souffrance ».
La réforme fiscale :
Benoît Hamon veut fusionner l’impôt sur le revenu et la contribution sociale généralisée (CSG) en un impôt unique progressif à 10 tranches. Il souhaite aussi fondre l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et la taxe foncière en un impôt unique sur le patrimoine et développer une fiscalité écologique (TVA éco-modulable et taxe carbone).
Jean-Luc Mélenchon est hostile à la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG car il craint que le financement de la Sécurité sociale soit fragilisé par la disparition de la contribution sociale généralisée. Il souhaite plutôt rendre l’impôt sur le revenu plus progressif, avec 14 tranches au lieu de 5.
L’âge de départ à la retraite :
Benoît Hamon explique vouloir maintenir la retraite à 62 ans et prendre davantage en compte la pénibilité.
Jean-Luc Mélenchon veut revenir à la retraite à 60 ans.
Sur la politique internationale
- L’Union européenne :
Benoît Hamon veut certes marquer une pause dans l’élargissement de l’Union européenne, mais souhaite continuer l’intégration de la France et des autres pays membres au sein de l’UE : création d’un smic européen « pour que l’UE soit à nouveau synonyme de progrès social », plan d’investissement européen de 1 000 milliards d’euros, solidarité autour de la dette des Etats membres notamment.
Jean-Luc Mélenchon n’exclut pas, de son côté, une sortie de l’Union européenne – décidée par l’Assemblée nationale et validée par référendum. Cette sortie pourrait déboucher sur une renégociation avec d’autres pays pour un désengagement commun et de nouvelles négociations, ou par une « sortie unilatérale par la France ». Le programme européen de Jean-Luc Mélenchon évoque par ailleurs une nationalisation des politiques monétaires par la fin de « l’indépendance de la Banque centrale européenne », aujourd’hui au premier plan de l’organisation de l’UE.
- Les relations avec la Russie
Benoît Hamon n’a pas détaillé sa position vis-à-vis de la politique de Vladimir Poutine, notamment dans la gestion du conflit syrien, mais a marqué son désaccord avec la « forme d’attitude et de complaisance à l’égard de Vladimir Poutine » de Jean-Luc Mélenchon. « Nous avons là un impérialisme agressif de la part de la Russie qu’il faut traiter avec fermeté, certainement pas avec complaisance », affirme Benoît Hamon.
Jean-Luc Mélenchon s’est lui posé à plusieurs reprises comme favorable à une plus grande proximité de la France avec la Russie et Vladimir Poutine. « Je pense qu’il va régler le problème » autour du conflit syrien, avait déclaré le candidat sur France 2 en février 2016. Quelques mois plus tard, il qualifie sur Twitter la diplomatie de François Hollande de « minable » après l’annulation de la visite du président russe en France.
La participation à l’OTAN
Benoît Hamon a expliqué aux Décodeurs vouloir maintenir la France dans le commandement intégré de l’OTAN.
Jean-Luc Mélenchon veut lui sortir de l’Alliance atlantique s’il accède à la fonction présidentielle.
« Je ne courrai pas après Jean-Luc Mélenchon », a déclaré le candidat du Parti socialiste depuis Lisbonne, où il s’est rendu le week-end du 18 février. Si la possibilité d’une alliance avec le candidat de la France insoumise s’éloigne, Benoît Hamon pourrait bientôt compter sur le soutien des écologistes et de Yannick Jadot : les équipes des deux candidats se sont en effet rencontrées à plusieurs reprises depuis le début du mois de février.