Sécurité sociale, médicaments, hôpitaux… Ce que proposent les candidats en matière de santé
Sécurité sociale, médicaments, hôpitaux… Ce que proposent les candidats en matière de santé
Le Monde.fr avec AFP
Alors que les principaux candidats à la présidentielle exposaient, mardi 21 février, leur vision de la santé, à la Mutualité française, à Paris, retour sur leurs principales propositions.
Cinq candidats à l’élection présidentielle ont donné, mardi 21 février, lors d’un grand oral organisé par la Mutualité française, à Paris, leur vision de la santé pour les prochaines années. Disposant chacun d’une vingtaine de minutes, une partie des candidats au scrutin – Emmanuel Macron, Nicolas Dupont-Aignan, Benoît Hamon, Yannick Jadot et François Fillon – ont présenté successivement leurs propositions en matière de santé et de protection sociale, avant de répondre aux questions de représentants de trois think tanks : la Fondalpol (classée à droite), la Fondation Jean-Jaurès (proche du Parti socialiste) et Terra Nova (étiqueté à gauche).
A cette occasion, retour sur les principales mesures préconisées par les principaux candidats en matière de santé.
- François Fillon adoucit son programme
Le candidat de la droite a amendé son programme sur la santé. Dans un entretien au Parisien mardi 21 février, il assure avoir « rebâti, enrichi, améliorer » son projet : « J’ai voulu placer la santé au cœur de mon projet, a-t-il affirmé lors de l’événement organisé par la Mutualité française. Cela m’a valu d’être caricaturé, d’être dénoncé comme le chantre de la privatisation de la Sécurité sociale et le faux-nez des assureurs privés. »
Dans le nouveau programme de M. Fillon, il n’est plus question de réserver à l’Assurance-maladie la prise en charge des seules affections graves et des maladies longue durée pour laisser aux complémentaires le remboursement des « petits soins ».
M. Fillon assure désormais que « le niveau de prise en charge des dépenses » par l’Assurance-maladie « ne diminuera pas ». Il propose un objectif, à l’horizon 2022, « d’un reste à charge zéro pour les dépenses les plus coûteuses grâce à un nouveau partenariat entre la Sécurité sociale et les organismes complémentaires ».
Il prévoit désormais la prise en charge « à 100 % des lunettes pour enfants » dès 2017 par l’Assurance-maladie, le « remboursement des téléconsultations », ainsi qu’une « consultation de prévention longue et gratuite tous les deux ans, pour tous les Français ». Il souhaite aussi une augmentation des « aides à l’acquisition d’une complémentaire santé » pour les retraités « les plus modestes ».
M. Fillon maintient par ailleurs ses propositions de revenir sur l’instauration du tiers payant généralisé et d’engager des discussions sur un retour des trente-neuf heures à l’hôpital. Il souhaite également la suppression de l’aide médicale d’Etat, qui serait remplacée par une dispense de frais de santé limitée (hors mineurs) aux urgences et maladies graves et contagieuses.
- Benoît Hamon prône un « droit à la santé universel »
Le candidat du Parti socialiste a fait savoir, mardi, qu’il voulait modifier le financement de l’hôpital : « On ne peut pas gérer un hôpital comme une entreprise », a-t-il lancé sur Europe 1. Les personnels soignants et administratifs « vont mal parce qu’ils ont une surcharge de travail, a-t-il poursuivi. Cette surcharge est en partie liée à la manière dont est financé et fonctionne aujourd’hui l’hôpital ».
Dans ses propositions, l’ancien ministre de l’éducation nationale souhaite « augmenter la part de remboursement de la Sécurité sociale pour les soins dentaires, d’optique et les prothèses auditives ». Il prône également « une renégociation des prix des médicaments, afin de faire baisser le prix des médicaments coûteux ».
Il s’est prononcé pour un « droit à la santé universel, indépendamment du statut professionnel ou personnel » en étendant l’aide à l’accès aux complémentaires santé aux fonctionnaires, retraités, étudiants et chômeurs longue durée.
Concernant les déserts médicaux, le candidat socialiste souhaite améliorer la répartition des médecins sur le territoire en déconventionnant avec l’Assurance-maladie ceux qui s’installent dans des zones surdotées. L’objectif est de les inciter à s’installer dans des territoires en besoin. Cette mesure avait déjà été proposée, mais rejetée par l’Assemblée nationale à l’automne. Elle avait suscité la colère des syndicats de médecins libéraux qui dénonçaient une attaque à la liberté d’installation.
Benoît Hamon, lors du « grand oral » organisé par la Mutualité française, le 21 février, à Paris. | LIONEL BONAVENTURE / AFP
- Yannick Jadot fait de la santé « une priorité nationale »
Le vainqueur de la primaire d’Europe écologie-Les Verts annonce dans son programme qu’il souhaite faire de la santé « une priorité nationale ». Comme la plupart des autres candidats, il propose de lutter contre les déserts médicaux « en soutenant l’installation des médecins dans des maisons de santé adossées à des unités de base des premiers soins ». Cette mesure permettra également de « désengorger l’hôpital », selon l’élu écologiste.
Son projet vise à « réorienter notre système de santé vers la prévention et la proximité, lutter en amont contre les maladies chroniques » et, enfin, « réaffirmer la primauté de la Sécurité sociale vis-à-vis des complémentaires ».
Afin de « préserver notre santé », M. Jadot axe son programme sur la lutte contre les pollutions. Il souhaite « interdire le glyphosate et les perturbateurs endocriniens » et « sortir du diesel ». « Les maladies liées à l’environnement sont en train d’exploser, liées à la pollution de l’air, au diesel », a-t-il alerté mardi matin.
Il souhaite par ailleurs maintenir la généralisation du tiers payant, mis en place par le gouvernement socialiste.
- Marine Le Pen souhaite lutter contre les déserts médicaux
Dans le programme de la candidate du Front national, neuf engagements sur 144 sont consacrés à la santé. Mme Le Pen souhaite notamment « garantir la Sécurité sociale pour tous les Français, ainsi que le remboursement de l’ensemble des risques pris en charge par l’Assurance-maladie ».
L’une des priorités annoncées de la candidate du FN est de lutter contre les déserts médicaux. Elle propose d’instaurer « un stage d’internat dans les zones concernées », de permettre « aux médecins retraités d’y exercer avec des déductions de charges » et d’y développer « les maisons de santé ». Elle souhaite également maintenir les hôpitaux de proximité.
Pour « éviter le recours massif aux médecins étrangers et permettre le remplacement des nombreux départs à la retraite prévus », Mme Le Pen annonce qu’elle relèvera « le numerus clausus d’accès aux études de santé » si elle est élue.
Dans une interview au Parisien, en janvier, elle précisait qu’elle mettra en œuvre « une véritable politique de lutte contre la fraude sociale », pour réaliser des économies. Elle propose d’instaurer une « carte Vitale biométrique », de multiplier les médicaments génériques et la vente de médicaments à l’unité.
Enfin, comme M. Fillon, Mme Le Pen prévoit de supprimer « l’aide médicale d’Etat (AME) réservée aux clandestins ». Avec ces nouvelles ressources, elle souhaite mettre en place une cinquième branche de la Sécurité sociale consacrée à la dépendance.
- Emmanuel Macron souhaite le remboursement intégral des lunettes
Emmanuel Macron, lors du « grand oral » organisé par la Mutualité française, le 21 février, à Paris. | LIONEL BONAVENTURE / AFP
Mardi matin, le candidat d’En marche ! a affirmé qu’il souhaitait, lui aussi, lutter contre les déserts médicaux. Il propose, à ce titre, de multiplier par deux le nombre de maisons de santé d’ici à 2022.
Il a également promis qu’« aucun soin utile ne sera déremboursé ». Il avait déjà annoncé ces dernières semaines qu’il comptait rembourser à 100 %, d’ici 2022, les lunettes, les prothèses dentaires et les appareils auditifs. Des soins aujourd’hui très peu, voire pas remboursés par l’Assurance-maladie. Il souhaite également que les médicaments soient vendus à l’unité.
Mardi matin, M. Macron a notamment évoqué l’hôpital, « pilier de notre système de santé », qui « coûte trop cher », selon lui. « Nous devons améliorer l’organisation de l’hôpital en le décloisonnant », a-t-il affirmé. Il propose d’investir 5 milliards dans les hôpitaux, « de plafonner à 50 % » la tarification à l’activité (T2A), de « renforcer l’autonomie » des établissements, ou encore « d’élargir » les groupements hospitaliers de territoire pour avoir en amont une meilleure organisation de l’offre de soins.
Le candidat d’En Marche ! a également déclaré que le tiers payant doit être « généralisable » mais « pas généralisé ». Sans donner plus de précision.
- Jean-Luc Mélenchon prône la « Sécurité sociale intégrale »
Une des propositions phares du candidat de La France insoumise est la « Sécurité sociale intégrale ». Avec cette mesure Jean-Luc Mélenchon souhaite un remboursement à 100 % de toutes les dépenses de santé, « dont les soins et appareils dentaires, optiques et auditifs ».
Durant un meeting, au Mans (Sarthe), en janvier, l’eurodéputé a énuméré ses principales propositions en matière de santé : « La création d’un pôle public du médicament », « une médecine publique, avec des centres de santé publique et des médecins fonctionnaires », ainsi que la suppression des dépassements d’honoraires des médecins.
- Nicolas Dupont-Aignan veut augmenter le numerus clausus
De son côté, le candidat de Debout la France souhaite, comme Mme Le Pen, augmenter le numerus clausus de médecins d’un tiers afin « d’atteindre dix mille praticiens par an » afin de lutter contre les déserts médicaux.
Il propose également de « revoir à la hausse tous les tarifs de remboursement des actes les plus lourds » ainsi que « rembourser à chaque Français âgé de plus de 40 ans un bilan de santé régulier ».
Comme Mme Le Pen et M. Fillon, Nicolas Dupont-Aignan supprimera également l’aide médicale d’Etat s’il est élu. Lui, souhaite la remplacer par une aide médicale exceptionnelle et provisoire qui ne concernerait « que les urgences sanitaires et les maladies contagieuses ».
Et concernant les médecins généralistes, il souhaite mettre fin au tiers payant généralisé et revaloriser la consultation à 35 euros. « En échange, il sera demandé aux professionnels de santé de s’impliquer davantage dans la prévention, le dépistage, les soins primaires surtout dès le plus jeune âge », précise-t-il dans son programme.