Ce vote ne remet pas en question le projet de loi autorisant l’activation de l’article 50 du traité de Lisbonne, mais va retarder l’adoption de ce texte permettant de lancer la procédure de divorce avec l’Union européenne. | Jonathan Brady / AP

Les Lords britanniques ont infligé un revers à la première ministre Theresa May, en votant mercredi 1er mars un amendement donnant un coup de frein au calendrier du gouvernement pour le « Brexit ».

Cet amendement, déposé par l’opposition travailliste, réclame que le gouvernement avance des propositions garantissant unilatéralement aux trois millions de citoyens européens vivant au Royaume-Uni le droit de rester dans les trois mois suivant l’activation de l’article 50.

« Trois millions de personnes se sentent utilisées comme monnaie d’échange. (…) Ces gens-là ne peuvent pas mettre leur vie entre parenthèses », a insisté la baronne travailliste Diane Hayter.

L’adoption du texte retardée

Ce vote ne remet pas en question le projet de loi autorisant l’activation de l’article 50 du traité de Lisbonne, mais il va retarder l’adoption de ce texte permettant de lancer la procédure de divorce avec l’Union européenne.

Anticipant la rébellion de la chambre haute du Parlement, la première ministre britannique, Theresa May, a souligné mercredi qu’elle comptait toujours déclencher le Brexit avant la fin de mars, quel que soit le vote des Lords.

Idéalement, le gouvernement conservateur aurait souhaité que les Lords approuvent le texte sans l’amender, évitant ainsi un nouvel examen par les députés, qui l’avaient adopté en première lecture par 494 voix contre 122. Cette hypothèse lui aurait permis d’activer l’article 50 rapidement après le 7 mars, jour du vote final des Lords.

Ce scénario est désormais caduc puisque le texte devra repasser devant la Chambre des communes. Même s’il y a très peu de chances que les députés suivent l’avis des Lords, qui ont adopté l’amendement par 358 voix contre 256.

In fine, les Lords ont promis de ne pas bloquer le texte et de ne pas s’opposer à la volonté du peuple britannique qui a voté à 52 % pour quitter l’UE le 23 juin 2016, d’autant qu’ils ne sont pas élus mais nommés à vie par la reine.

Tentatives de négociation du gouvernement

Dans une tentative de dernière minute de faire pencher la balance, la ministre de l’Intérieur Amber Rudd a écrit mardi aux Lords pour les convaincre de rejeter l’amendement, assurant que le gouvernement ferait de la protection des droits des immigrés européens au Royaume-Uni une « priorité » des négociations à venir avec Bruxelles. Mais, comme Mme May, la ministre a refusé de garantir leurs droits sans avoir obtenu des assurances similaires pour les Britanniques vivant dans l’UE.

« Nous n’acceptons pas l’idée, exposée dans la lettre d’Amber Rudd, que ce dossier relève de nos négociations avec l’UE. Il est de la responsabilité du Royaume-Uni », a répondu mercredi Diane Hayter. Les Européens au Royaume-Uni « ont besoin de savoir maintenant, pas dans douze mois ni deux ans », a-t-elle martelé.

Le Parti libéral-démocrate (centre) a adopté la même position. « Le gouvernement devrait admettre que l’opinion publique est favorable à ce qu’il offre de manière unilatérale des garanties qui auront ensuite des répercussions similaires sur les Britanniques vivant à l’étranger », a souligné Sarah Ann Ludford, chargée du Brexit chez les « Lib-dem ».

Plusieurs Lords conservateurs ont également approuvé l’amendement. Mais cela n’a pas été le cas de l’ancien ministre des finances Nigel Lawson, qui a fustigé un amendement « stupide ». « En fin de compte, il ne fera que retarder le projet de loi d’un jour ou deux, alors que tout le monde sait que les citoyens européens pourront rester », a-t-il souligné.