Au cinéma, les vieux films font recette
Au cinéma, les vieux films font recette
Par Nicole Vulser
Le patrimoine du 7e art s’épanouit dans les salles obscures : la part des longs-métrages sortis il y a plus de dix ans y a fortement augmenté en 2015, note un rapport du CNC.
Une affiche montrant le réalisateur Charlie Chaplin. | AFP
Une plongée dans les pratiques cinéphiles dans l’Hexagone depuis dix ans : voilà l’exercice auquel s’est adonné le Centre national de la cinématographie (CNC), dans un rapport publié jeudi 2 mars. Dans une offre « particulièrement abondante » de longs-métrages exploités en salle en 2015 (7 377), celle des films dits de patrimoine, c’est-à-dire ceux dont la première sortie date de plus de dix ans, a fortement augmenté. Leur nombre s’élevait à 3 087 en 2015 (+ 52 % en une décennie), constate Benoît Danard, directeur des études, des statistiques et de la prospective du CNC.
Parmi les dix films de patrimoine les plus vus en salles en 2015 figurent par exemple Le Cirque de Chaplin (84 000 spectateurs), Jour de fête de Jacques Tati (74 500) et Chantons sous la pluie de Stanley Donen et Gene Kelly (73 200). Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki et Peau d’âne de Jacques Demy font aussi partie de ce classement. Au total, cette catégorie de longs-métrages a réalisé 3,5 millions d’entrées en 2015.
Forte proportion de cinémas d’art et essai
Ces films – qui représentent 1 % des recettes en salles et 2 % des entrées – génèrent 3,70 euros par entrée, soit près de la moitié de la recette moyenne de l’ensemble des films (6,48 euros). Cet engouement s’explique par la forte proportion de cinémas d’art et essai (1 135 établissements) en France. Si Paris arrive largement en tête du nombre de séances consacrées aux films de plus de trente ans, c’est Nantes – un hommage discret à Jacques Demy ? – qui compte de loin le nombre de spectateurs les plus assidus pour ces films.
Selon cette étude, « le cinéma s’affirme comme la sortie préférée du public dans les cinq principaux pays européens (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne et Italie) ». Devant les visites d’expositions ou de musées, les concerts, le théâtre, les spectacles, l’opéra et même les parcs d’attraction et de loisirs. Qui plus est, sans doute en raison aussi de son prix accessible, c’est la sortie culturelle « la plus appréciée » dans ces cinq pays, assure M. Danard.
Les étudiants, principal contingent des salles obscures
Les deux tiers des Français âgés de plus de 6 ans, soit 39,1 millions de spectateurs, sont allés au cinéma en 2015, en moyenne 5,3 fois au cours de l’année. Sans surprise, les élèves et les étudiants constituent le principal contingent des salles obscures (29,5 % du public), suivis par les personnes à hauts revenus (les CSP +). En tranches d’âge, les moins de 25 ans sont devenus plus assidus et représentaient en 2015 12,6 millions d’entrées, soit le plus haut niveau enregistré depuis 22 ans. Parallèlement, les 60 ans et plus sont, eux, passés pour la première fois en 2015 devant les 20-24 ans pour devenir les plus gros consommateurs de cinéma.
Pour choisir son film, le principal vecteur prescripteur chez les jeunes reste Internet, note cette étude. Mais tous âges confondus, le bouche-à-oreille fonctionne le mieux, suivi par les extraits ou les bandes-annonces vues à la télévision et au cinéma, puis Internet et les affiches de films. Bien après, viennent les critiques dans la presse, les articles et la publicité dans les journaux. Enfin, bonnes dernières, arrivent les émissions de radio.