On a testé… la Nintendo Switch, une console séduisante et prometteuse
On a testé… la Nintendo Switch, une console séduisante et prometteuse
Par William Audureau
Soixante-douze heures après sa sortie, Pixels a fait le tour de ses fonctionnalités. Verdict : un coup de cœur, malgré les problèmes de fiabilité et le manque de fonctions multimédias.
La Nintendo Switch, disponible depuis le 3 mars, a convaincu la rédaction de Pixels. | Nintendo
Le vendredi 3 mars est sortie la Switch de Nintendo, que Pixels avait pu longuement essayer en amont, mais sur un seul jeu et sans fonctionnalités en ligne, alors inactives. Soixante-douze heures après, nous avons enfin pu tester tous les aspects de la dernière-née de Nintendo, qui a l’originalité de s’utiliser aussi bien sur un téléviseur qu’en déplacement. Verdict.
Design
90 %
Si chacun aura sa propre appréciation de la beauté de l’objet, force est de constater que la Switch est sobre, discrète et passe-partout. Dans un salon, elle se case aisément sur un meuble télé, éventuellement derrière la télévision, tant elle est fine. En mobilité, la machine est à la fois confortable et suffisamment fine pour rentrer dans une poche assez large. La transition de l’une à l’autre est ultra-facile, quasi instantanée, et accessoirement, assez ludique.
Sa station d’accueil compacte et légère s’emporte aisément, et sa connectique se retire facilement pour transformer son alimentation fixe en chargeur de voyage. En fait, la seule limite de la Switch est l’absence de prise HDMI à même la console (elle est sur sa station d’accueil).
Ergonomie
81 %
Cela dépend considérablement de l’utilisation qui est faite de la machine. En mode portable, rien à dire : en dépit de boutons quelque peu petits, chacun tombe naturellement sous la main. En mode télé, la manette assemblée peut surprendre par sa petitesse, et les plus grandes mains préféreront le contrôleur Pro, d’un confort et d’une efficacité redoutables, mais vendu à part (70 €). Les menus sont, quant à eux, d’une épure et d’une élégance inattendues, loin des usines à gaz des précédentes machines de Nintendo.
Les deux points faibles de la Switch résident dans l’absence par défaut de croix classiques, qui rend les manettes très imprécises sur les jeux « à l’ancienne », comme Super Bomberman R ou le jeu de combat King of Fighters’98. A fortiori en mode multijoueur, quand chaque demi-contrôleur Joy-Con est tenu à l’horizontale : le format riquiqui est frustrant, et le stick analogique inadapté à de nombreux jeux, comme la demi-douzaine de rééditions de la console Neo Geo. L’autre point faible, c’est le prix à payer pour jouer facilement à plusieurs sans équipement supplémentaire.
Puissance
75 %
Plutôt verre à moitié plein ou à moitié vide ? D’un côté, la Switch est la console nomade la plus puissante jamais commercialisée : la PS Vita, la Nintendo 3DS ou un smartphone haut de gamme seraient bien incapables d’afficher l’amplitude et la profondeur de champ de son jeu phare, The Legend of Zelda : Breath of the Wild. De l’autre, il n’est pas rare que l’affichage toussote sur téléviseur grand écran, où la résolution d’image n’est pourtant pas de 1080p, ni l’univers aussi riche visuellement que sur PlayStation 4. Mais le compromis est honnête.
Parmi les points positifs, il faut souligner l’accessibilité des jeux, qui se lancent en un instant, et à part sur Zelda, n’imposent presque jamais de fastidieux temps de chargement.
Catalogue
84 %
Avec dix-huit jeux au lancement, dont l’excellentissime et interminable Breath of the Wild, le très bon jeu de course futuriste Fast RMX, le ludique SnipperClips : les deux font la paire, des petites perles nostalgiques délicieusement kitsch comme World Fighters, ou encore la J-pop envoûtante de Voez et la plate-forme rétro de Shovel Knight, la Switch propose un catalogue complet, varié et équilibré.
On peut toutefois lui reprocher de manquer de jeux de sport, mais FIFA et NBA 2K sont tous deux prévus pour la rentrée, comme Mario Kart 8 Deluxe en avril, et un nouveau Mario prometteur à Noël, Super Mario Odyssey. Une soixantaine de jeux indés sont également prévus d’ici à la fin 2017.
A court terme, l’horizon est dégagé, et le salon mondial du jeu vidéo, en juin, devrait donner encore plus de visibilité sur son avenir. En revanche, gros bémol pour le prix des jeux dématérialisés, souvent plus élevé que sur les plates-formes concurrentes.
Convivialité
95 %
La convivialité est le point fort inattaquable de la Switch, première console portable qui se prête autant au partage. Dans le salon, dans le train, en soirée avant un match de foot, à la cafétéria au travail… Celle-ci s’impose comme un appareil à parties partagées prêt à l’emploi, grâce à son ultralégèreté, ses deux manettes détachables incluses, et la possibilité de s’en servir comme écran d’appoint en la posant à la verticale sur une table ou sur un bureau.
Surtout, sa modularité est extrême, puisqu’il est possible d’y jouer aussi bien à plusieurs sur un même écran, qu’en connectant plusieurs Switch entre elles, parfois avec un seul jeu. En tout, jusqu’à huit joueurs peuvent théoriquement prendre part à une partie, option que seul Super Bomberman R exploite pour l’instant.
Il est enfin possible de jouer à plusieurs en ligne, mais le besoin de rentrer de fastidieux codes à plusieurs chiffres n’est pas le plus commode, même s’il n’est pas le seul. A noter qu’un abonnement payant sera nécessaire à l’automne.
Fiabilité
63 %
Sur les premières séries, les nouveaux périphériques présentent parfois des défauts de fabrication, et la Switch ne fait malheureusement pas exception. Le problème le plus récurrent – reconnu par Nintendo – est celui des déconnexions intempestives du demi-contrôleur Joy-Con de gauche quand il est détaché du corps de la console. Assez répandu, il a valu à plusieurs utilisateurs un renvoi de la machine pour remboursement ou échange.
Dans les petits désagréments moins graves, notons quelques bugs liés à la fonction veille, la Switch refusant parfois d’en sortir sans passer par un redémarrage forcé, et de rares cas de Joy-Con et de cartouches mal reconnus, même quand ils sont pourtant bien insérés.
Multimédia
18 %
C’est le grand point faible de la Switch à ce stade : s’il est possible de partager des photos commentées de ses parties par Facebook et Twitter, la petite nouvelle de Nintendo ne permet ni de se brancher directement à ses réseaux sociaux préférés, ni de télécharger des applications de type Google, YouTube ou Spotify. La console ne dispose même pas de navigateur Internet – même si en bidouillant un peu dans les options, il devient possible de surfer de manière rudimentaire sur Facebook.
Extrêmement frustrant, tant cet engin hybride s’imposerait comme un périphérique de choix pour les gros utilisateurs d’applications de vidéo à la demande illimitée, comme Netflix ou OCS. Nintendo avait prévenu que ces services vidéo seraient absents au lancement, mais devraient néanmoins atterrir à terme dans le store de la Switch, même si aucune date n’a été communiquée.
Moyenne
72,3 %
La Nintendo Switch est une excellente console. Très séduisante dans son concept et son design, modulable, légère et conviviale, elle ne demande qu’à prendre son envol. Son catalogue encore chiche, lancement oblige, devrait s’être considérablement étoffé d’ici à la fin de l’année, et l’absence d’applications multimédias peut facilement se régler, même s’il faudra probablement attendre plusieurs semaines, ou mois, pour voir Netflix et consorts apparaître. Son principal défaut tient en fait actuellement aux soucis de fiabilité de son contrôleur gauche, qui ne concernent pas tous les modèles. La Switch part sur de bonnes bases, et ne peut que s’améliorer.
En bref
On a aimé :
- Le design passe-partout, simple et élégant ;
- L’autonomie de trois heures sur Zelda, de six heures sur les jeux moins gourmands ;
- La prise en main réussie et les menus élégants ;
- Pouvoir emporter sa console partout, et surtout la partager ;
- La partie de Bomberman à 10 heures à la cafète du Monde, au calme ;
- L’un des meilleurs jeux de la décennie au lancement.
On n’a pas aimé :
- Le prix des accessoires et des jeux ;
- La taille riquiqui des demi-contrôleurs ;
- Ergonomie inadaptée pour les jeux 2D, sauf avec la manette Pro ;
- Les contrôleurs gauche capricieux sur certains modèles ;
- Rendez-nous Netflix.
C’est plutôt pour vous si…
- La puissance n’est pas l’argument principal pour vous ;
- Vous êtes le Gérard Majax du multijoueur en soirée ;
- Vous voulez renouer avec la simplicité du jeu vidéo des années 1990 ;
- Vous passez votre vie dans le train ou l’avion ;
- Vous avez aimé la Nintendo 64, la Wii, la DS et la PS Vita ;
- Vous avez encore le talon de votre abonnement à Nintendo Player.
Ce n’est plutôt pas pour vous si…
- Vous cherchez un casque de réalité virtuelle ;
- Vous êtes menotté à l’accoudoir de votre canapé ;
- Vous avez un écran 4K à rentabiliser.
La vraie note de Pixels
On l’aime d’amour (mais il faut dire qu’on n’a pas eu de souci de contrôleur gauche)/10.