Début des négociations sur l’assurance-chômage
Début des négociations sur l’assurance-chômage
Le Monde.fr avec AFP
Syndicats et patronat se sont donné quatre séances, jusqu’au 28 mars, pour tenter d’aboutir à un accord avant la présidentielle.
Les partenaires sociaux avaient décidé, le 15 février, de rouvrir la négociation, qui avait échoué en juin à la suite du refus du patronat de taxer davantage les contrats courts. | MARTIN BUREAU / AFP
Les partenaires sociaux ont démarré, mardi 7 mars, au Medef* un cycle de négociations express sur une nouvelle convention d’assurance-chômage, autour d’un texte patronal jugé en l’état « inacceptable » par les syndicats.
Neuf mois après l’échec des précédentes discussions, syndicats et patronat se sont retrouvés dans la matinée au siège du syndicat patronal, en l’absence du négociateur du Medef, Alexandre Saubot, en déplacement « pour raisons professionnelles », mais qui s’est fait remplacer.
Ils se sont donné quatre séances – les mardis 7 mars et 14 mars, jeudi 23 mars et mardi 28 mars – pour tenter d’aboutir à un accord avant la présidentielle. Mais les discussions, qui avaient achoppé en juin 2016 sur les contrats courts, s’annoncent difficiles, tant le projet d’accord patronal est jugé déséquilibré par l’ensemble des syndicats de salariés.
Ni objectif chiffré ni dispositif contraignant
Contrairement au printemps 2016, le projet patronal aborde cette fois la question des contrats courts, durement négociée au sein de l’organisation de Pierre Gattaz, très divisée en interne sur le sujet.
Mais il ne comporte ni objectif chiffré ni dispositif contraignant pour enrayer l’explosion des contrats à durée déterminée (CDD) de moins d’un mois observée depuis quinze ans, qui pèse, selon les syndicats de travailleurs, sur les finances de l’Assurance-chômage et accroît la précarité.
Le texte du patronat se contente de renvoyer le sujet à une autre négociation dans les secteurs les plus concernés par les CDD très courts (hôtellerie-restauration, arts et spectacles, édition et audiovisuel…), évoquant des « incitations d’ordre juridique et économique » permettant d’en modérer l’usage « lorsque cela est possible ».
Les syndicats dubitatifs
« On a encore beaucoup à travailler avant d’arriver à un projet d’accord équilibré », a commenté Michel Beaugas, pour FO. « On a un délai tellement court que je ne sais pas comment on va pouvoir passer même une journée, en l’absence du négociateur du Medef, à examiner les projets », s’est inquiété Denis Gravouil, de la CGT, qui voit dans le texte patronal une « agression contre le droit des chômeurs ».
Plus optimiste sur les délais, la CFDT « pense avoir une base de travail qui nous permet d’aller vite et de déboucher sur un accord en quatre séances », a déclaré Véronique Descacq, tout en rappelant que le texte patronal était « inacceptable » en l’état.
Autre point de discorde : les seniors, pour lesquels le patronat propose de diminuer la durée maximale d’indemnisation à deux ans, au lieu de trois actuellement.
La CFDT a envoyé un contre-projet, qui propose notamment de reculer l’âge d’entrée dans la filière senior à 52 ans, au lieu de 50 aujourd’hui. Le patronat, lui, propose 57 ans. « On va faire en sorte d’essayer d’avoir un front syndical », a commenté la CGT.
La question du paritarisme
Derrière la délicate négociation sur l’assurance-chômage se profile un autre enjeu, celui de l’avenir du paritarisme, une singularité toute française – qui consiste à recourir aux organismes paritaires pour rechercher des accords entre employés et employeurs, par exemple – régulièrement remise en cause à droite, mais aussi par le candidat à la présidentielle Emmanuel Macron.
« Si on arrive à un accord sur l’assurance-chômage, le paritarisme en sortira grandi », reconnaît Philippe Louis, président de la CFTC, à quelques jours de la reprise des discussions.
Agirc-Arrco (retraites complémentaires), Action logement, Unédic (Assurance-chômage), justice prud’homale, APEC… ces structures sont gérées en commun par les organisations patronales et syndicales, soit en « paritarisme », un terme popularisé dans les années 1960 par André Bergeron, le secrétaire général de Force ouvrière.
* Le déroulé des différents sigles et acronymes évoqués dans cet article par ordre d’apparition : Mouvement des entreprises de France (Medef) ; Force ouvrière (FO) ; Confédération générale du travail (CGT) ; Confédération française démocratique du travail (CFDT) ; Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) ; Association générale des institutions de retraite des cadres (Agirc) ; Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés (Arrco) ; Association pour l’emploi des cadres (APEC).