Pas d’horaires, des congés illimités : l’entreprise idéale est néo-zélandaise
Pas d’horaires, des congés illimités : l’entreprise idéale est néo-zélandaise
M le magazine du Monde
Il fait bon travailler chez RocketWerkz, entreprise néo-zélandaise de création de jeux vidéo. Ici, on ne compte pas ses jours de vacances et on peut rester chez soi si son chat meurt… Et il n’y a pas d’abus !
Chez RocketWerkz, le patron ne touche que 10 % de plus que le salarié le mieux rémunéré de l’entreprise. | Courtesy of Insiders Dunedin
En quelques jours, Dean Hall a reçu plus de 600 CV du monde entier. Une performance impressionnante pour une entreprise de 40 salariés située au bout du monde, à Dunedin, petite ville universitaire du sud-est de la Nouvelle-Zélande. RocketWerkz est spécialisée dans les jeux vidéo. Dean Hall, 35 ans, l’a créée après avoir rencontré un succès international en 2012, avec le jeu DayZ, dans lequel il faut survivre à des zombies dans un monde apocalyptique.
RocketWerkz fait rêver les game designers depuis que son PDG a présenté dans les médias sa « philosophie » sur le monde du travail. En résumé, tout doit être fait pour favoriser le bien-être, et donc la créativité, des employés. Ici, on ne compte pas ses jours de vacances et on ne déprime pas quand approche la fin des quatre semaines de congés payés réglementaires en Nouvelle-Zélande : les salariés bénéficient de vacances rémunérées illimitées. « L’idée vient de la Silicon Valley », explique Hall. Netflix passe pour le pionnier : dès le début des années 2000, ses salariés pouvaient prendre autant de jours de vacances qu’ils le souhaitaient. D’autres ont suivi. Mais Dean Hall ne s’arrête pas là pour séduire ses salariés : ils n’ont pas non plus d’horaires fixes imposés, ils sont intéressés aux résultats de l’entreprise et lui-même a décidé que son propre salaire ne pouvait excéder de 10 % celui de son employé le mieux payé.
Dean Hall propose aussi aux collaborateurs de rester chez eux en cas de décès d’un proche, ou même d’un animal de compagnie, de rupture amoureuse, etc. « Il vaut mieux qu’ils résolvent leurs problèmes et reviennent au travail quand ils sont prêts. » Que faire en cas d’abus ? « Nous n’en avons jamais eu », assure le jeune PDG. « Et même si cela arrivait, pourquoi gérer toute l’équipe en fonction des rares personnes qui posent problème ? » Les salariés de RocketWerkz peuvent aussi faire du télétravail après concertation avec leur service. S’ils le souhaitent, les matinaux peuvent commencer à 6 heures et les lève-tard à 11 heures. Tous sont invités à prendre des pauses, à l’image de Dean Hall, qui fait du sport tous les jours. L’an dernier, un chaton a ainsi pris ses quartiers au bureau, pour que les employés lèvent les yeux de leur écran le temps d’accorder quelques caresses à la boule de poils.
Un pays en pleine croissance
« Le dimanche soir, j’ai hâte de retourner bosser. Je veux que ça soit pareil pour les salariés, leur travail n’en sera que meilleur », juge Dean Hall. Cet ex-militaire de l’armée de l’air explique que gagner beaucoup d’argent n’est pas son objectif. Il vient tout de même de se faire un beau cadeau : il a acheté, fin février, la plus branchée des autos, une Tesla (la voiture électrique autonome), devenue la star de son fil Twitter.
RocketWerkz devrait se développer dans les prochains mois et chercher à recruter plusieurs dizaines de personnes. Aujourd’hui, les salariés sont majoritairement néo-zélandais, mais beaucoup viennent des États-Unis, de Suède, de Corée… « Le type de jeux sur lequel nous travaillons n’a jamais été fait en Nouvelle-Zélande. Il a donc fallu débaucher des talents des grands studios, explique Dean Hall. Vu la situation dans le monde, il n’est pas difficile de faire venir des gens… » Si les jeunes Kiwis vont souvent tenter leur chance à l’étranger après leurs études, ils sont de plus en plus nombreux à rester dans leur pays, qui connaît une solide croissance. La Nouvelle-Zélande attire toujours plus d’étrangers, notamment des Britanniques. Et dans les vingt-quatre heures qui ont suivi l’élection de Donald Trump, la fréquentation du site Web consacré à l’immigration a bondi de 2 500 %, avec plus de 56 000 visites.