Vol de cocaïne au 36 quai des Orfèvres : les images diffusées à l’audience
Vol de cocaïne au 36 quai des Orfèvres : les images diffusées à l’audience
Par Pascale Robert-Diard
Le procès de l’ancien policier accusé d’avoir volé 52 kg de drogue au sein même du siège de la police judiciaire à Paris s’est ouvert mardi.
Croquis d’audience, le 7 mars. Jonathan Guyot (troisième à droite) est accusé d’avoir vol plus de 50kg de cocaïne dans les locaux de la police judiciaire en juillet 2014. | BENOIT PEYRUCQ / AFP
Jusque-là, on les avait seulement imaginées. Et les voilà diffusées sur l’écran de la salle d’audience, ces images du vol de cocaïne au siège du mythique 36 quai des Orfèvres à Paris. En noir et blanc d’abord comme dans un vieux polar des années soixante.
La nuit est tombée sur l’île de la Cité, ce 24 juillet 2014, un homme seul, vêtu d’un blouson sombre, coiffé d’une casquette, deux grands sacs de supermarché dans une main, un troisième dans l’autre, apparaît dans le champ de la caméra de surveillance. Il marche jusqu’au premier poste de contrôle, présente son badge devant l’œil électronique. Le portail s’ouvre. Il entre. Image suivante, saisie de l’intérieur, en couleur. Le planton de garde, une femme en uniforme, se lève pour accueillir le visiteur qui passe devant elle, le visage ostensiblement baissé sous sa casquette.
Une petite heure passe. Le revoilà devant la même policière de garde, les trois sacs semblent nettement plus lourds au bout de ses bras, il franchit le sas de sécurité, une autre caméra de surveillance prend le relais. Il est dans la rue, son pas est tranquille, il s’éloigne en direction du Pont Neuf. Quarante-huit kilos de pains de cocaïne viennent de quitter l’armoire forte du siège de la police judiciaire.
L’homme aux sacs de supermarché
Ou peut-être un peu moins car la séance de cinéma offerte, mardi 7 mars, au premier jour du procès de Jonathan Guyot, ex-policier affecté à la brigade des stupéfiants et de ses huit coprévenus – dont trois autres fonctionnaires de police – se poursuit.
Même lieu, deux jours plus tôt, toujours de nuit. Cette fois, ils sont deux, un homme à blouson et casquette dont la silhouette évoque en tout point celle du visiteur du 24 juillet et un autre qui garde son casque de moto intégral sur la tête. Entrée, sortie, leurs sacs à dos sont renflés. L’enquête n’a pas permis de déterminer si, ce soir-là, quelques pains de cocaïne n’avaient pas déjà été emportés. L’homme au casque, un temps identifié comme étant un autre policier du « 36 », a bénéficié d’un non-lieu à la fin de l’instruction.
Mais sur l’homme à casquette, la policière de garde est formelle. Lorsqu’on lui a présenté un « tapissage » de portraits, elle a désigné celui de Jonathan Guyot comme étant l’homme qui est passé devant elle avec ses sacs de supermarché. « Mais c’est John ! », se sont exclamés ses collègues de la brigade des stup’ lorsqu’on leur a à leur tour soumis les images des caméras de surveillance.
La suite de l’enquête – téléphonie, mouvements suspects sur ses comptes, aveux de complices, découvertes chez lui de fortes sommes en espèces – accable Jonathan Guyot. Il nie tout. Poursuite des débats mercredi 8 mars.