Jeff Koons condamné pour « contrefaçon »
Jeff Koons condamné pour « contrefaçon »
Par Claire Guillot
Une sculpture de l’artiste présente de nombreuses similarités avec une photo de Jean-François Bauret, mort en 2014.
L'artiste Jeff Koons et son oeuvre "Balloon Dog (Red)" lors de l'inauguration de l'exposition à la Fondation Beyeler à Bâle, le 11 mai 2012. | AFP/FABRICE COFFRINI
L’art de l’appropriation n’a finalement pas trouvé grâce aux yeux des tribunaux français : jeudi 9 mars, Jeff Koons et le Centre Pompidou ont été condamnés pour « contrefaçon » par le Tribunal de grande instance de Paris. Une victoire pour Claude Bauret-Allard, veuve du photographe Jean-François Bauret, mort en janvier 2014, qui accusait l’artiste américain d’avoir copié une photo de son époux pour fabriquer sa sculpture Naked. La société Jeff Koons LLC, dont la star de l’art contemporain est le gérant, et le Centre Pompidou ont été condamnés à verser 20 000 euros à l’héritière en réparation du préjudice subi, plus 20 000 euros pour frais de justice. Jeff Koons LLC devra en outre payer 4 000 euros à la famille pour avoir reproduit l’œuvre litigieuse sur son site Internet.
Sculpture en porcelaine, Naked, présente de nombreuses similarités avec une image réalisée en 1970 par Jean-François Bauret : les deux présentent deux enfants nus se tenant par l’épaule, le regard vers le bas. Chez Koons, contrairement à la photographie, le garçon tend un bouquet de fleurs à la fille. Cette œuvre aurait dû être exposée au Centre Pompidou lors de la rétrospective consacrée à l’artiste en 2014-2015, mais elle a été retirée au dernier moment, le musée arguant qu’elle avait été endommagée pendant le transport. Elle figurait cependant au catalogue. Pour les juges, les variations apportées par Jeff Koons « n’empêchent pas de reconnaître et d’identifier les modèles et la pose », qui sont « des éléments essentiels protégés » de la photo de Jean-François Bauret.
D’autres accusations de contrefaçon
Ce n’est pas la première fois que le plasticien est mis en cause pour s’être inspiré de travaux existants. Il a déjà été condamné aux Etats-Unis deux fois pour non-respect du copyright, en 1992 pour sa sculpture String of Puppies et en 1993 pour avoir représenté le personnage de bande dessinée de la série Garfield, Odie, dans Wild Boy and Puppy. Une autre œuvre en porcelaine de Jeff Koons, Fait d’hiver, avait été retirée de la rétrospective du Centre Pompidou à la suite d’accusations de contrefaçon lancées par Franck Davidovici, auteur des campagnes de la marque de vêtements Naf-Naf.
Toutes ces pièces incriminées font partie d’une même série de Jeff Koons, « Banality », qui date de 1988, et dont le principe est de s’inspirer d’images venues de la presse ou d’objets du commerce. Un exercice d’appropriation pratiqué par d’autres artistes contemporains comme Richard Prince, qui s’en est fait une spécialité, mais qui passe mal auprès de la justice française. Celle-ci tolère les atteintes au droit d’auteur dans les cas de caricature ou de citation – cette dernière notion étant difficile à faire valoir dans le cas d’images.