Le commissaire européen aux affaires économiques et financières Pierre Moscovici a adressé vendredi 10 mars une lettre au candidat socialiste à la présidentielle, Benoît Hamon, dans laquelle il a émis des « réserves » sur son projet de démocratisation de la gouvernance de la zone euro.

S’il fait écho à la demande de davantage de démocratie, « salut de la zone euro », le commissaire européen diverge fondamentalement sur la proposition d’une Assemblée parlementaire qui doit remplacer l’Eurogroupe, selon le projet présenté vendredi par Benoît Hamon. M. Moscovici estime dans cette lettre – que l’AFP a pu consulter – que cette idée est « ambitieuse », et qu’elle fonctionnerait « peut-être sur le long terme », mais qu’elle « ne trouvera aujourd’hui guère de soutien, dans une Europe peu encline aux changements de traités ».

« Améliorer » le modèle existant

Le commissaire européen juge que la proposition de M. Hamon « risque fort de combiner le choc des intérêts nationaux au sein de l’Eurogroupe, déjà existant, avec le choc des légitimités nationales au sein de la chambre de la zone euro ».

Il suggère plutôt d’« améliorer l’existant » : renforcer le Parlement européen « en lui donnant la possibilité de se réunir en format zone euro », créer « un commissaire-ministre des finances de la zone euro responsable devant le Parlement », doter la zone euro « d’une capacité budgétaire ».

« Prenons ce qui existe et allons vers plus de transparence et de représentativité », enjoint Pierre Moscovici, qui reconnaît que l’Eurogroupe ne peut plus prendre ses décisions « tard dans la nuit et à huis clos ».

Le président François Hollande avait lui aussi publiquement émis des réserves jeudi à Bruxelles sur la proposition du candidat socialiste à la présidentielle, en rappelant que « ceux qui décident dans la zone euro, ce sont les gouvernements ».