Kylian Mbappé (à gauche) et Radamel Falcao lors du match aller à Manchester, le 21 février 2017, quand Monaco menait encore au score. | OLI SCARFF / AFP

Ils vont faire ce qu’ils peuvent, mais, une semaine après la rencontre épique entre le FC Barcelone et le Paris-Saint-Germain, les acteurs du Monaco - Manchester City de ce mercredi soir ne vont pas nous promettre la lune : ils auront du mal à offrir scénario plus étourdissant que la remontada catalane du 8 mars, dont on n’a pas fini de parler (6-1).

L’intrigue de l’épisode du jour est pourtant bien séduisante : le club de la principauté, vaincu en Angleterre 5-3 il y a trois semaines, parviendra-t-il à renverser la vapeur et les hommes de Pep Guardiola pour se hisser en quarts de finale ? Mission loin d’être impossible. Après tout, si le PSG a réussi l’exploit de se faire éliminer après avoir remporté le match aller 4-0, on ne voit pas pourquoi l’ASM ne réussirait pas celui de se qualifier en rattrapant deux longueurs de retard (coup d’envoi à 20 h 45, en direct sur Le Monde. fr et Canal +).

En 2004, déjà…

A l’Etihad Stadium, le 21 février, trois buts splendides, dont un pur chef-d’œuvre de Falcao, n’avaient pas suffi au leader de Ligue 1 pour faire plier l’actuel 3e du championnat anglais, lors d’un match ébouriffant marqué par la maladresse des deux gardiens, un penalty refusé aux Mancuniens, un autre raté par les Monégasques, et vingt dernières minutes où tout est allé de travers pour les Rouge et Blanc.

Pour voir s’accomplir ce qui serait tout de même un sensationnel retournement de situation, Monaco va devoir convoquer les dieux du football qui l’avaient touché de leur grâce un soir d’avril 2004. C’était en quarts de finale retour de la Ligue des champions face au Real Madrid de Zidane, Ronaldo et Raul. Les joueurs du Rocher, défaits 4-2 en Espagne à l’aller, avaient fait exploser les « Galactiques » deux semaines plus tard au Stade Louis-II grâce à trois buts géniaux signés Giuly, Morientes et re-Giuly (3-1). Voyez plutôt :

ASM FC-REAL MADRID
Durée : 02:14

(pardon pour l’horripilante musique de Requiem for a dream)

Dans sa causerie d’avant-match, l’entraîneur de l’époque, qui s’appelait Didier Deschamps (2001-2005), avait su trouver les mots justes pour mettre ses joueurs en confiance : « Même dans le scénario le pire, c’est-à-dire s’ils marquent rapidement, rien n’est fini, ça ne change rien. Des buts, vous en marquerez, vous en êtes capables. Et si on doit marquer le dernier à la 92e, on le marquera à la 92e. Le tout, c’est d’y croire, quoi qu’il arrive. » Raul avait ouvert le score, Monaco avait ensuite tout renversé.

Jardim : « Deux buts ne suffiront pas »

« On peut faire une “remontada”, nous aussi, il n’y a que deux buts de différence, assure ces jours-ci le lointain successeur de “DD”, le Portugais Leonardo Jardim, sur le banc monégasque depuis 2014. Une chose est sûre : avec notre dynamique actuelle, pour nous qualifier, il faudra marquer trois buts. Deux ne suffiront pas. » Techniquement, si, puisqu’un score de 2-0 enverrait l’ASM en quarts de finale. Mais Jardim semble persuadé que ses joueurs en prendront un, auquel cas ils devront faire trembler trois fois les filets adverses pour passer – quatre fois s’ils en prennent deux.

Les coéquipiers de Bernardo Silva vont ainsi se trouver face à l’éternel casse-tête de ce genre de match, qui consiste à se ruer à l’attaque pour rattraper le retard sans pour autant déserter sa base arrière. « On doit être organisés, concentrés, calmes, tout en attaquant, résume le maître à jouer portugais de Monaco. Si on entre comme des fous, on peut prendre deux ou trois buts, ce serait alors fini. Il faudra trouver un équilibre. » « Il faudra faire un match exceptionnel, on sait que City est bien actuellement, prévient-il encore. Mais avec nos supporteurs, on peut le faire. » A la place de Bernardo Silva, on miserait moins sur le public rarement bouillant de Louis-II que sur l’impressionnante ligne offensive monégasque.

« On a su en mettre trois à l’aller, sourit l’arrière gauche monégasque Benjamin Mendy. On peut le refaire. On marque beaucoup. » Monaco, meilleure attaque d’Europe du point de vue statistique, a déjà inscrit 123 buts (en 46 matchs) cette saison. Alors, quand vous comptez dans vos rangs des talents comme Radamel Falcao (24 pions cette saison), Kylian Mbappé (16), Valère Germain (13) ou Thomas Lemar (11), deux ou trois buts de plus, finalement, qu’est-ce que c’est ?

Dans l’autre huitième, Griezmann et l’Atlético Madrid sereins face à Leverkusen

Depuis un certain 6-1 survenu la semaine dernière en Catalogne, il est devenu périlleux d’affirmer qu’une rencontre est pliée avant le match retour. Mais voir l’Atlético Madrid d’Antoine Griezmann, vainqueur 4-2 lors du match aller à l’extérieur, se faire éliminer à domicile par le Bayer Leverkusen, relèverait tout de même du coup de tonnerre. Pour qu’il se produise, il faudrait que les Allemands s’imposent 3-0, ou 4-1 (ou 5-3, 6-4, etc.) en Espagne. Dans les huitièmes de finale disputés mardi, la Juventus Turin s’est qualifiée sans forcer face au FC Porto (1-0, après son succès 2-0 au Portugal à l’aller), tandis que Leicester, vaincu 2-1 à Séville trois semaines plus tôt, a retourné la situation pour s’imposer 2-0 dans une rencontre au cours de laquelle les Français d’Andalousie se sont « illustrés » : Nasri a pris un carton rouge, et Nzonzi a loupé un penalty.