Après 32 ans de détention, un Américain libéré faute d’un procès équitable
Après 32 ans de détention, un Américain libéré faute d’un procès équitable
Le Monde.fr avec AP
Andrew Leander Wilson avait été reconnu coupable de meurtre en 1984. Des étudiants en droit ont obtenu l’annulation de sa condamnation.
Le 16 mars, Andrew Leander Wilson quitte la prison centrale du comté de Los Angeles où il a passé 32 ans pour le meurtre d’un jeune homme en 1984. | FREDERIC J. BROWN / AFP
Andrew Leander Wilson a savouré, jeudi 16 mars, son premier jour de liberté… après 32 ans passés en détention. « C’est incroyable. C’est incroyable », s’est réjoui l’homme de 62 ans à sa sortie de la prison centrale du comté de Los Angeles, en Californie. Accusé d’avoir poignardé un jeune homme de 21 ans en 1984, il n’a cessé de clamer son innocence pour ce meurtre.
C’est grâce au travail d’un groupe d’étudiants en droit de l’université de Loyola qu’il peut désormais vivre sans barreaux. La veille, la justice avait ordonné sa remise en liberté après avoir estimé qu’il n’avait pas reçu de procès équitable. Les membres du « Project for the Innocent » au sein de la faculté ont ainsi pointé une série de vices de procédures.
Selon l’une des étudiantes ayant suivi le dossier, Paula Mitchell, la police de Los Angeles a mis plusieurs d’une semaine avant d’arrêter le moindre suspect pour cet homicide sur la foi du témoignage de la petite amie de la victime, âgée de 17 ans. Et, le ministère public avait supprimé du dossier de poursuites un document attestant que la jeune femme avait déjà, par le passé, fourni un faux témoignage, accusant à tort un homme de viol.
Innocence
Le bureau du procureur a annoncé qu’il ne poursuivrait pas de nouveau M. Wilson dans le cadre de cette affaire. Une audience a été fixée au 3 mai pour entamer le processus afin de déterminer s’il est, dans les faits, innocent de ce crime, ce qui pourrait conduire à des demandes d’indemnisation. Depuis 1989, seules 2 000 personnes ont été innocentées du crime pour lequel elles avaient été condamnées, selon le décompte du National Registry of Exonerations.
« Ça a été un cauchemar, mais j’ai survécu », a fait valoir l’intéressé qui affirme ne pas garder de rancœur après toutes ces années passées en prison : cela ne serait « qu’une perte de temps ». Il compte se rendre au plus vite à St. Louis, dans le Missouri, rendre visite à sa mère. Agée aujourd’hui de 96 ans, cette dernière n’a cessé de se battre pour que l’innocence de son fils soit reconnue.