Lancement d’un missile balistique du système de défense Arrow 3, au sud de Tel-Aviv, en décembre 2015. | HO / AFP

Depuis six ans, jamais une opération militaire israélienne en Syrie n’avait été aussi clairement revendiquée par l’Etat hébreu, après un échange de tirs de cette envergure. Dans la nuit du jeudi 16 au vendredi 17 mars, les forces aériennes ont « visé plusieurs cibles en Syrie  », a expliqué l’armée israélienne dans un communiqué, sans préciser la nature de ces cibles.

Selon Damas, les quatre avions israéliens ont visé une « cible militaire  » près de la ville de Palmyre, dans le centre du pays. L’armée régulière syrienne a répliqué en tirant plusieurs missiles antiaériens, alors que les avions avaient déjà fait demi-tour. Damas a affirmé avoir abattu un avion israélien, ce qu’Israël a démenti. Aucun dégât matériel ou humain n’est à déplorer, alors qu’à 2 h 43 les sirènes étaient déclenchées dans la vallée du Jourdain.

Israël a déployé le système Arrow pour intercepter les missiles syriens. Il s’agit de la première utilisation connue de ce système de défense très sophistiqué, utilisé pour neutraliser des missiles balistiques de moyenne portée à très haute altitude. Le système Arrow 3, qui a été mis à disposition des forces aériennes en janvier, a été conçu en partenariat avec les Etats-Unis, dans l’idée de se prémunir contre la menace représentée par le programme de missiles balistiques iranien.

Arsenal sans précédent du Hezbollah

Le champ de ses interceptions est plus vaste que celui des versions précédentes, Arrow 1 et 2. Il vient s’ajouter à d’autres dispositifs, comme le Dôme de fer, qui avait fait ses preuves durant l’été 2014 contre les roquettes – de faible précision – lancées par le Hamas dans la bande de Gaza. En janvier, Américains et Israéliens avaient procédé à des tests réussis avec le système de défense antimissile Fronde de David (« David’s Sling »).

Mais malgré ces capacités de défense renforcées ces dernières années, les experts considèrent que l’armée ne pourrait empêcher de graves dégâts ni des pertes humaines si le Hezbollah décidait d’utiliser son stock de quelque 100 000 roquettes contre l’Etat hébreu. La milice chiite libanaise, engagée en Syrie aux côtés du régime Assad, a certes perdu près de 1 700 hommes dans les combats, mais elle a acquis un arsenal sans précédent.

Raids réguliers

C’est pour limiter ces moyens et de nouvelles acquisitions que l’armée israélienne procède à des raids réguliers en Syrie depuis plusieurs années. Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, et l’état-major ont clairement exposé qu’ils entendaient faire respecter deux « lignes rouges » pour la sécurité nationale : en répondant à tout tir transfrontalier sur le plateau du Golan ; et en empêchant les livraisons d’armes sophistiquées au Hezbollah. Dans ce dernier cas, les forces aériennes s’aventurent de plus en plus loin dans l’espace aérien syrien.

En visite à Moscou le 9 mars, M. Nétanyahou a invité Vladimir Poutine à la vigilance afin que la Russie ne permette pas aux ennemis d’Israël, l’Iran et ses associés du Hezbollah, de s’implanter durablement en Syrie.