TV : « Alors on danse », le ballet des corps malades
TV : « Alors on danse », le ballet des corps malades
Par Valentin Le Roux
Notre choix du week-end. Dans le documentaire des artistes décident de monter un spectacle avec des tahitiens handicapés moteur (Dimanche 19 mars, sur France Ô, à 14 h 40).
Bande annonce "Alors on danse"
Durée : 01:51
« Ce n’est pas parce qu’on a un corps cassé qu’on ne peut pas être dans le beau ». Cathie Léveillé-Porché, professeur de handidanse, justifie ainsi l’initiative qui fait l’objet de ce documentaire de Jacques Navarro-Rovira, lui aussi à l’origine du projet. Pendant trois semaines, accompagnée d’une autre danseuse française, Cathie a rejoint la chorégraphe contemporaine Marion Fayn et Tuari’i Tracqui, danseur polynésien à Tahiti, afin de donner des cours à quatre jeunes atteints d’un handicap moteur. Ensemble, ils ont monté un spectacle qui mélange mouvements contemporains et le « Ori tahiti », la danse traditionnelle de l’île.
Ces professionnels ne se sont pas retrouvés sur cet ambitieux projet par hasard. À la suite d’un anévrisme au cerveau, Cathie Léveillé-Porché est restée en fauteuil roulant pendant près d’un an. Marion Fayn a commencé la danse pour soigner une douloureuse scoliose. Et Tuari’i Tracqui, l’insulaire, a pour espoir de rendre la danse traditionnelle plus tolérante face à la différence.
À travers le suivi de la mise en place de ce spectacle, le réalisateur interroge d’abord la fonction de la danse. Ici, elle est avant tout un outil thérapeutique et d’émancipation qui permet à ces adolescents d’exprimer des émotions avec le langage corporel, en dépit de leur mobilité réduite. « C’est un très bon moyen de communiquer avec son corps. C’est un apaisement pour moi », révèle d’ailleurs Bernadette, une des apprenties danseuses.
France Ô
Le documentaire s’intéresse aussi aux activités habituellement proposées dans les institutions spécialisées. Activités qui se révèlent souvent peu adaptées à la créativité dont peuvent faire preuve les personnes atteintes d’un handicap, pour peu qu’on les y encourage. « Il suffit juste de leur proposer des choses qui leur plaisent […] et là, ils montrent enfin toutes leurs capacités. Dans les structures, on est plus dans la rééducation et c’est une réflexion à mener », explique Isabelle Fruneau, la psychomotricienne qui accompagne ces jeunes.
Ce documentaire qui a reçu, en février, le prix du public au dernier Festival international du film documentaire océanien (FIFO) est une belle manière de sensibiliser les téléspectateurs au handicap. Et peut-être un moyen d’apporter une réponse favorable à Heimanari’i, un des jeunes participants au spectacle qui explique avoir accepté d’y participer ainsi : « les gens doivent avoir un regard nouveau sur nous ! ».
Alors on danse, de Jacques Navarro-Rovira (Polynésie française, 2016, 52 min).