Ecole normale supérieure | S. G. / LE MONDE.FR

Vous êtes intéressé(e) par une classe prépa mais vous n’y voyez pas clair ? Guillaume Frécaut, coauteur de Je réussis ma khâgne, élève à l’ENS Ulm et à HEC Paris, passé par une classe préparatoire aux grandes écoles(CPGE) littéraire au lycée Louis-le-Grand, a répondu à toutes vos questions.

Simon : J’aimerais vraiment faire une prépa mais je suis complètement perdu face aux dizaines de CPGE qui existent. En plus on peut postuler même si elles sont loin ! Comment choisir ? Est-ce que je dois mettre toutes les chances de mon côté en ne misant que sur les « parisiennes » ? Les autres valent-elles le coup ?

Guillaume Frécaut : Il est normal de se sentir perdu face au grand nombre de prépas littéraires. Il existe des internats dans certains lycées qui permettent d’être logé même si on vient de loin. Concernant les « parisiennes », il ne faut pas hésiter à en placer quelques-unes dans sa liste de vœux : on ne perd rien à oser quel que soit le niveau que l’on estime avoir. Si on se sent un peu impressionné par ces prépas, il faut aussi postuler à des prépas « moins bien » classées. Si certaines permettent d’intégrer plus facilement les ENS, toutes les CPGE offrent une très belle formation et une ouverture unique à la culture. Ce sont des années passionnantes.

Melchior : Quelle est la différence entre une prépa A/L et une prépa B/L ?

La prépa A/L est la prépa littéraire la plus « classique ». Elle se concentre sur ce que l’on appelait autrefois les « humanités ». On y étudie donc la littérature, la philosophie, l’histoire, les langues vivantes, et en fonction de sa section et de ses options, éventuellement la géographie et les langues anciennes. La prépa B/L ajoute à ces matières des sciences sociales et une formation en mathématiques

Dris : Je suis en terminale L, quel niveau faut-il avoir pour entrer en prépa AL ?

Tout dépend de la prépa AL que l’on vise. Le recrutement des prépas les mieux cotées est évidemment particulièrement sélectif : la plupart des élèves ont eu une mention « très bien » au bac mais une part non négligeable de mes camarades ont eu une mention « bien ». Si les notes sont un élément important, il ne faut pas se mettre soi-même de barrières en se disant que l’on n’aura pas le niveau : le plus essentiel est la curiosité et la volonté de se dépasser.

Dam75 : Bonjour je suis en terminale ES et je voudrais intégrer une CPGE BL mais je crains de ne pas avoir un dossier à la hauteur. Si je suis pris quand même, comment réussir à « m’y mettre » dès le début si je n’ai pas les bonnes méthodes ? Pouvez-vous nous expliquer un peu le déroulement d’une année type en khâgne ?

Avant d’intégrer une prépa, tout le monde croit être le seul à ne pas avoir les « bonnes méthodes ». Le jour de la rentrée, on se rend compte que, sauf quelques très rares exceptions, tout le monde est dans la même situation. Et c’est normal puisque l’objectif d’une classe préparatoire est justement de préparer les élèves et non de rassembler des gens qui sauraient déjà tout.

Pour s’y mettre, il faut considérer les épreuves comme des moyens de progresser, ne pas hésiter à demander à ses professeurs des conseils (ils sont là pour ça, toujours très présents) et jouer collectivement avec ses camarades en leur demandant comment ils font eux de leur côté. S’il faut chercher à aller toujours plus loin, il ne faut pas non plus se mettre une pression absurde : ce n’est pas parce qu’on est en prépa qu’il faut tout d’un coup arrêter de dormir la nuit.

Grizzly : Faut-il nécessairement avoir fait du latin en lycée pour intégrer une prépa A/L ?

Non, dans la plupart des lycées existent des classes dédiées aux latinistes débutants. Si on travaille avec efficacité dès les premières semaines, il n’y a aucune difficulté à « rattraper » ceux qui ont déjà fait du latin.


Philippe : Comment choisir sa langue ancienne ?

Si on a déjà fait une langue ancienne au lycée, il vaut mieux la conserver pour ne pas rajouter de la nouveauté à toutes les nouvelles expériences des premiers mois en prépa. Quand on n’est pas rassuré, il me semble qu’il vaut mieux choisir le latin, qui est plus intuitif pour quelqu’un parlant français. Si le grec est plus compliqué au début, les classes sont en général plus petites et permettent donc d’avoir un suivi encore plus proche de la part du professeur.


Elsa : Je trouve que l’accent est beaucoup mis sur les prépas parisiennes, mais il ne faut oublier qu’un certain nombre de prépas de « province » ont un excellent niveau, et qu’il ne faut pas négliger son bien-être lorsqu’on intègre une filière réputée difficile telle que la prépa. Parfois, la proximité familiale est importante pour la réussite des concours !

Comme je le disais en réponse à une question, toutes les prépas, quel que soit le lieu où elles se trouvent, permettent de passer des années extrêmement formatrices, et passionnantes. Toutes les prépas offrent effectivement un niveau excellent, qu’elles se trouvent à Paris ou en province

Capucine : Faut-il réellement travailler individuellement 3 heures par soir ? Le rythme soutenu empêche-t-il toute vie sociale ?

Le rythme est effectivement soutenu mais n’empêche en aucun cas de voir des amis ou ceux que l’on aime. En prépa, il est clair que le travail devient prioritaire par rapport aux loisirs mais il est extrêmement important de se changer les idées régulièrement. Le travail personnel le soir est nécessaire : il est difficile de tout assimiler en travaillant moins de trois heures. Mais attention, il ne faut surtout pas faire des nuits de quatre heures, il ne faut pas tomber dans ce genre d’excès.

Le Monde Campus : une question simple pour terminer : Pourquoi faire une prépa littéraire finalement ?

Pour pouvoir profiter d’une formation de haut niveau dans des matières très différentes. Cette possibilité est quelque chose d’unique dans ses études, que l’on regrette souvent longtemps. Pour s’ouvrir à des champs de la culture dont on n’imaginait même pas l’existence auparavant. Pour développer des méthodes de travail qui seront utiles toute la vie, quelle que soit la voie que l’on choisira. Pour profiter d’un suivi très fort de la part de ses professeurs. Enfin pour vivre ses passions au quotidien.