Une femme et son bébé arrêtés par la police montée canadienne lors de la traversée de la frontière entre les Etats-Unis et le Canada, à Hemmingford au Québec, le 25 février 2017. | GEOFF ROBINS / AFP

Faut-il y voir un lien avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis ? Pour les mois de janvier et février 2017, le Canada a enregistré 5 520 demandes d’asile, soit une forte hausse par rapport aux années précédentes, selon des statistiques officielles publiées mardi 21 mars.

A titre de comparaison, de 2011 à 2015, le Canada a traité en moyenne 17 144 demandes d’asile par année, selon des données fournies par les autorités de l’immigration. Cela représente une moyenne de 1 428 demandes par mois, donc 2 857 pour deux mois.

Si cette tendance des deux premiers mois de 2017 se poursuivait, le total des demandeurs d’asile pourrait dépasser les 30 000 d’ici la fin de l’année. En 2016, le nombre total avait bondi à 23 895 demandes, mais il s’agissait pour l’essentiel de réfugiés syriens parrainés officiellement par le gouvernement et des citoyens canadiens.

Ce rapport survient alors que le Canada fait face à un afflux de migrants en provenance des Etats-Unis, qui traversent illégalement la frontière pour y faire une demande d’asile. Ces illégaux profitent d’un accord entre les deux pays empêchant le Canada de les refouler s’ils ne passent pas par un poste-frontière terrestre.

Québec, Colombie-Britannique et Manitoba en première ligne

Depuis le début de l’année, 1 134 migrants illégaux ont ainsi été interceptés par la police fédérale près de la frontière avec les Etats-Unis, selon le rapport qui ne précise cependant pas leur nombre pour les années antérieures.

Les provinces canadiennes les plus touchées par cet afflux sont le Québec, avec plus de la moitié des arrestations, la Colombie-Britannique et le Manitoba. Certains migrants arrivent là car ils ne sont pas statutaires aux Etats-Unis, d’autres, qui le sont, quittent le pays car ils craignent la nouvelle politique de Washington.

Les Canadiens, eux, sont de plus en plus divisés sur la politique à adopter face à cette migration illégale, selon des sondages récents, alors que le retour des températures printanières fait craindre aux autorités un afflux supplémentaire de migrants.

La ligne Trudeau

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, s’est toujours montré très favorable à l’accueil de demandeurs d’asiles dans son pays. Ainsi en janvier, au lendemain de l’adoption par les Etats-Unis du premier décret anti-immigration (suspendu par la justice américaine depuis), M. Trudeau a invité les demandeurs d’asile sur le sol canadien via Twitter :

Puis, lors de sa rencontre avec Donald Trump à la Maison Blanche le 13 février, le premier ministre canadien a affiché ses divergences avec le président américain au sujet de l’immigration. Rappelant que le Canada avait accueilli près de 40 000 réfugiés syriens sur l’année écoulée, M. Trudeau a jugé que son approche était absolument compatible avec sa volonté de ne faire aucun compromis sur la sécurité.

Dès la victoire de Donald Trump à la primaire républicaine en mars 2016 et jusqu’à son élection en novembre, le sujet « déménager au Canada » en cas de victoire du milliardaire parmi les anti-Trump était devenu récurrent aux Etats-Unis. Le soir de son élection, le 9 novembre, le site officiel d’information pour émigrer au Canada a même planté, vraisemblablement à cause d’une surcharge de connexions.

Le passage de clandestins des Etats-Unis vers le Canada s’intensifie-t-il ?