Les patrons français offensifs sur le climat
Les patrons français offensifs sur le climat
LE MONDE ECONOMIE
Le think tank The Shift Project a réuni plus de 1 900 signatures au bas d’un manifeste rappelant à l’Europe ses engagements climatiques.
La ville de Lyon, au cours d’une alerte à la pollution de l’air, le 24 janvier. | PHILIPPE DESMAZES / AFP
Une piqûre de rappel. Le think-tank The Shift Project, fondé par l’expert de la transition énergétique Jean-Marc Jancovici, a présenté, mardi 21 mars, un manifeste enjoignant aux gouvernements européens de maintenir leur vigilance sur les enjeux du climat : « Nous, signataires du présent manifeste pour décarboner l’Europe, appelons les Etats européens à lancer dès maintenant les politiques capables d’aboutir en 2050 à des émissions de gaz à effet de serre aussi proches que possible de zéro ! », débute le texte.
La vague verte a faibli
Quinze mois après l’Accord de Paris, le constat est sévère : la vague verte a faibli. Le changement climatique reste largement absent des débats de la campagne présidentielle en France. De son côté, le président américain, Donald Trump, a annoncé le 16 mars une coupe massive de 30 % dans le budget de l’Agence de protection de l’environnement.
A ce stade, le manifeste est soutenu par plus 1 900 signataires, dont plus de 80 patrons français. Des industriels comme Xavier Huillard (Vinci), Jean-Bernard Lévy (EDF), Martin Bouygues ou Jean-Dominique Senard (Michelin) ; des financiers, François Pérol (BPCE), Nicolas Dufourcq (Bpifrance), ou encore Jean-Pierre Mustier (UniCredit) mais aussi des représentants du monde académique comme Jean Jouzel (CEA), Yves Bréchet (Haut-commissaire à l’énergie atomique) ou Gaël Giraud (Agence française de développement).
S’appuyer sur les entreprises
Si nombre d’ONG préfèrent éviter la collaboration des entreprises, The Shift Project a, au contraire, pris le parti de s’appuyer sur leur financement et leur expertise. « C’est un rappel de nos engagements de la COP21 dont le succès est largement lié à l’implication des entreprises », souligne Thierry Déau, PDG du fonds d’infrastructures Meridiam.
« Ce sont les entreprises qui vont mettre sur le marché des produits et services issus de l’innovation. Il n’existe pas de stratégie gagnante sur le long terme qui n’intègre pas le développement durable », ajoute Claire Dorland-Clauzel, membre du comité exécutif de Michelin, en charge notamment du développement durable.
Le choix de la transition énergétique
Les industriels embrassent la transition énergétique dans la perspective de conquérir de nouveaux marchés dans l’énergie, les transports ou l’agriculture. Mais ce virage s’opère aussi sous la pression des investisseurs.
« La question du développement durable nourrit un échange avec les entreprises dont nous sommes actionnaires, qui va bien au-delà du dividende. Nous avons un rôle d’impulsion », explique Antoine Lissowski, directeur général adjoint de CNP Assurances, gros intervenant sur les marchés financiers. « Nous avons, par exemple, vendu les actions d’une entreprise réticente à réduire son emprise sur le charbon thermique. »
« Aucun programme présidentiel en France, ni aucune politique mise en œuvre en Europe ou dans le monde n’est encore à la mesure de l’ambition de l’Accord de Paris : atteindre la neutralité carbone (zéro émissions nettes de gaz à effet de serre) dès que possible au cours de ce siècle », déplore le groupe de réflexion qui demande aux candidats à la présidence de la République de s’engager dans ce sens.