La balle est désormais dans le camp du gouvernement. Face à leurs nombreuses demandes pour tenter de sortir de bientôt deux semaines de conflit social, les collectifs qui mènent la contestation en Guyane attendent des ministres Matthias Fekl et Ericka Bareigts qu’ils prennent position, samedi 1er avril.

Alors que le cahier de revendications comprend plus de 400 pages remises par une cinquantaine de membres des collectifs appuyés par des élus, les « annonces » seront « nombreuses », a-t-on affirmé dans l’entourage des ministres, avant une rencontre à la préfecture de région à 9 heures (14 heures à Paris).

Une « veille ministérielle » a été mise en place à Paris pour « parvenir à des arbitrages » dans un laps de temps réduit, avait indiqué jeudi M. Fekl, se montrant optimiste. « Les conditions de la confiance sont là », « il s’est passé quelque chose de fort », avait encore estimé le ministre de l’intérieur, en référence aux « excuses » adressées par Mme Bareigts.

« Nous devons absolument être dans le rattrapage » sur les questions de l’électricité, du logement, du foncier, de la richesse ou encore de la jeunesse, selon la ministre des outre-mer.

Création d’un TGI et d’un centre pénitentiaire

L’exécutif a déjà validé un certain nombre de décisions, telle la création d’un tribunal de grande instance et d’un centre pénitentiaire à Saint-Laurent-du-Maroni, la deuxième ville du territoire. La fidélisation d’un escadron de gendarmes mobiles à Cayenne et une aide de fonctionnement exceptionnelle de 20 millions d’euros pour l’hôpital de Cayenne ont également été actées.

Alors que les discussions avaient démarré dans une ambiance hostile, Mme Bareigts, critiquée pour avoir tardé à venir en Guyane, s’est d’abord excusée jeudi devant une délégation de Guyanais.

Puis, juchée sur le balcon de la préfecture, mégaphone à la main, elle s’est adressée à la foule. « Au bout de tant d’années, c’est à moi que revient l’honneur de dire, au-delà de ma petite personne, au-delà des fonctions, toutes mes excuses au peuple guyanais », a-t-elle lancé, en référence à des années de sous-investissement de Paris dans ce territoire.

Des propos qui ont instantanément apaisé l’atmosphère. Alors que toute la journée de jeudi, des centaines de personnes avaient bravé une pluie battante pour hurler leur « détermination » face à la préfecture de la Guyane, ils n’étaient plus que quelques dizaines d’Amérindiens vendredi matin à se rassembler devant le bâtiment, sous un soleil timide.

Ericka Bareigts : « je présente mes excuses au peuple guyanais »
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