Le programme nucléaire des candidats à la présidentielle
Le programme nucléaire des candidats à la présidentielle
LE MONDE ECONOMIE
Les principaux postulants à l’Elysée sont favorables à la poursuite, voire à l’accélération des investissements dans les énergies renouvelables.
La centrale de Fessenheim, dans le Haut Rhin. | SEBASTIEN BOZON / AFP
Qu’il soit favorable ou hostile à l’énergie nucléaire, la relance de la filière ou la gestion de sa disparition sera l’un des dossiers industriels les plus difficiles et les plus urgents du prochain président de la République. Dans un cas comme dans l’autre, il devra convaincre du bien-fondé économique et écologique de son choix. Et expliquer comment maintenir ou reconvertir les emplois des 220 000 salariés travaillant pour ce secteur, le plus important après l’automobile et l’aéronautique et l’un des plus emblématiques de la France industrielle depuis l’après-guerre. Tous les candidats plaident, à des degrés divers, pour la poursuite, voire l’accélération des investissements dans les énergies renouvelables.
François Fillon
Par tradition gaulliste, le candidat de la droite et du centre est le plus pronucléaire des cinq principaux concurrents à l’Elysée. Il prévoit d’allonger la durée d’exploitation des 58 réacteurs de quarante à soixante ans si EDF obtient le feu vert de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Il entend arrêter le processus de fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), qui est soumise jeudi 6 avril au vote – incertain – du conseil d’administration d’EDF. Il est hostile à la réduction à 50 % (contre 75 % actuellement) de la part de production d’électricité d’origine nucléaire d’ici à 2025 inscrite dans la loi de transition énergétique. S’il est favorable au puissant EPR (1 650 mégawatts) développé par Areva-EDF, l’ancien premier ministre plaide aussi pour une gamme de réacteurs de petite et moyenne puissance (de 300 à 1 000 MW). M. Fillon veut consolider cette « filière d’excellence » en approfondissant les études sur les réacteurs de quatrième génération (à neutrons rapides), comme le prototype Astrid actuellement développé par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA).
Benoît Hamon
Rejoint début 2017 par Yannick Jadot, un temps candidat d’Europe Ecologie-Les Verts, le socialiste a promis de réduire à 50 % la part d’électricité nucléaire en 2025 en fermant en priorité les centrales âgées de plus de quarante ans et qu’il juge les plus dangereuses. « Je me retrouve dans les objectifs fixés par le président de la République pour faire évoluer le mix énergétique et diminuer la part du nucléaire à 50 % », a-t-il déclaré, même si François Hollande ne s’en est pas donné les moyens en tergiversant jusqu’au bout sur la fermeture de Fessenheim. Au-delà, M. Hamon se dit favorable à une sortie progressive du nucléaire pour privilégier la transition vers les énergies renouvelables. Elle devra s’accompagner d’un vaste programme d’économies d’énergie, de mise aux normes des logements et de déploiement des énergies vertes afin que le dernier réacteur ferme aux alentours de 2050.
Marine Le Pen
La candidate du Front national est désormais favorable au nucléaire, qu’elle qualifiait pourtant d’« énormémement dangereux » lors de sa campagne de 2012, peu après la catastrophe de Fukushima. Mme Le Pen juge que c’est un élément important de l’indépendance énergétique du pays. L’Etat doit, selon elle, garder le contrôle d’EDF (85 % actuellement). Elle est opposée à la fermeture de Fessenheim et favorable à la poursuite du chantier de Flamanville (Manche). Elle prévoit de mener une politique de modernisation et de sécurisation des centrales pour assurer leur prolongation. Parallèlement, elle entend « développer massivement les filières françaises des énergies renouvelables ». A l’exception des éoliennes, qu’elle juge « immondes » et qui, selon elle, « ne marchent pas ».
Emmanuel Macron
Le candidat d’En marche ! se dit partisan du nucléaire « parce qu’il est au cœur de la stratégie industrielle, énergétique et climatique qui est la nôtre ». Mais sa part sera réduite à 50 % d’ici à 2025 pour faire davantage de place aux renouvelables (32 % en 2030), soit un doublement de leurs capacités. Ce mix énergétique s’inscrit donc dans le sillage de la politique de M. Hollande et de la loi de transition énergétique. S’il se prononce pour l’arrêt de Fessenheim, l’ancien ministre de l’économie ne s’exprime pas sur les autres centrales à fermer, contrairement à M. Hamon. Mais, à Bercy, il avait été un des plus chauds artisans de l’investissement d’EDF dans les deux réacteurs EPR britanniques d’Hinkley Point.
Jean-Luc Mélenchon
Le candidat de la France insoumise a tranché : l’« urgence écologique » impose, selon lui, une sortie totale du nucléaire et le passage progressif à 100 % d’énergies renouvelables d’ici à 2050. Le député européen annonce la fermeture « immédiate » de Fessenheim, l’abandon du projet d’enfouissement profond des déchets nucléaires à Bure (Meuse) et l’arrêt de la construction de l’EPR de Flamanville qu’EDF a prévu de mettre en service courant 2019 après y avoir investi 10,5 milliards d’euros.