Plan climat : les Parisiens avancent leurs idées
Plan climat : les Parisiens avancent leurs idées
Par Fanny Guiné
Les habitants de la capitale ont proposé plus de 280 réponses pour diminuer leur empreinte carbone et celle de leur ville. Certaines de leurs idées seront intégrées au futur plan climat.
Les Parisiens ont proposé plus de 280 réponses pour diminuer leur empreinte carbone et celle de leur ville. | LUDOVIC MARIN / AFP
Portée par la dynamique de la COP21 fin 2015, Paris veut accélérer sa transition écologique. Son plan climat actuel, qui fêtera ses dix ans cette année, va être profondément remanié. Déjà très ambitieux pour l’horizon 2020, avec la réduction d’un quart des émissions de gaz à effet de serre et des consommations énergétiques par rapport à 2004, ce plan climat, rebaptisé « plan climat air énergie », fixera un cap encore plus audacieux : Paris désire devenir une ville neutre en carbone et qui utilise 100 % d’énergies renouvelables en 2050.
La mairie s’est fixée pour autre ambition d’associer les Parisiens à cette réflexion de grande envergure. C’était l’objet de la séance de restitution des propositions de plus de 700 organismes, entreprises, associations et simples citoyens qui s’est tenue mercredi 5 avril à la mairie du 3e arrondissement. Ces idées viendront enrichir le futur plan climat air énergie qui devrait être présenté par l’adjointe à l’environnement, Célia Blauel, devant le Conseil de Paris en fin d’année. « Quand on a commencé les concertations et nos conférences citoyennes en novembre, je disais aux Parisiens : “Lâchez-vous !”, rigole Célia Blauel. L’idée, c’était de rêver Paris sans limite à l’imagination. »
« Végétaliser l’urbain » ou « planter des arbres à vent »
Pendant cinq mois, les Parisiens ont pu proposer leurs idées sur la plateforme “Madame La maire, j’ai une idée” mise en place par la Ville. « On a reçu 280 réponses, c’est déjà très bien pour un site assez récent, explique l’adjointe d’Anne Hidalgo. Les gens souhaitent changer de cadre de vie. Certains sont même très radicaux. » La priorité des citoyens, c’est d’abord de fluidifier et réduire le trafic routier, en créant par exemple des « bateaux fluviaux avec une cadence fréquente, des horaires élargis et accessibles avec le pass Navigo ». Plus de place pour les piétons, les vélos, « végétaliser l’urbain » font également partie des axes abordés. Les habitants désirent aussi respirer et consommer plus sainement, par exemple en instaurant des plats végétariens « un jour par semaine dans les cantines ».
Certaines de ces 280 contributions se démarquent par leur originalité : supprimer les feux rouges pour diminuer les émissions de CO2, planter des arbres à vent pour créer de mini-éoliennes, doter chaque immeuble d’un bac à compost ou encore récupérer les urines humaines pour utiliser leur fort taux en phosphate… Simon, un informaticien qui ne se définit pas comme écolo, a participé au projet. « J’ai proposé de paver les axes routiers, pistes cyclables et trottoirs de panneaux solaires. Mais je reconnais que c’est assez utopique », estime le trentenaire. Davantage impliqué, Arnaud pense que les changements doivent « être profonds » pour enclencher durablement la transition énergétique. « Avant, on parlait d’éteindre la lampe ou d’arrêter le robinet quand on se lave les dents. Maintenant, il faut aller plus loin », indique-t-il en évoquant l’enjeu de l’isolation thermique des bâtiments.
L’ensemble de ces propositions va être analysé et retravaillé par des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et des spécialistes des énergies renouvelables dès le mois de mai. Célia Blauel revendique ce « temps d’avance que les villes possèdent sur les Etats » dans la lutte contre le réchauffement climatique.
« On ne voulait pas créer un nouveau plan entre les quatre murs de l’hôtel de ville. Pour que les propositions se transforment en actes, il ne faut pas être dans l’injonction. Si les idées viennent des professionnels et des citoyens, l’écho sera beaucoup plus fort et favorable. »
Pour autant, dans la salle de réception de la mairie, les avis étaient partagés sur la campagne de mobilisation menée par la Ville. Arthur, un jeune militant écologiste, est venu un peu par hasard pour entendre les propositions. « Au final, on a effleuré le sujet. On dit que c’est une belle initiative mais on ne parle pas concrètement de ce que l’on doit faire maintenant, regrette-t-il. Deux cents réponses, ce n’est rien quand on sait que Paris compte deux millions d’habitants. » Le jeune homme de 22 ans met en avant des solutions faciles et accessibles concernant l’alimentation et le déplacement, comme « manger moins de viande ou prendre son vélo ».
Et toutes les propositions innovantes des Parisiens ne seront pas de trop pour atteindre les objectifs fixés par la Ville. En 2014, le dernier bilan carbone de Paris faisait état d’une baisse de 9,2 % des émissions de CO2 en dix ans. « On est sur la bonne pente. Je pense qu’on peut espérer être proche de nos objectifs, autour de 22 % d’émissions en moins en 2020 », avance l’adjointe à l’environnement. Le chemin est encore long pour que les rêves des Parisiens se réalisent et que leur ville parvienne à la neutralité en carbone.