La justice ouvre une enquête après des menaces de mort contre des magistrats et des journalistes
La justice ouvre une enquête après des menaces de mort contre des magistrats et des journalistes
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Ces menaces interviennent à un peu plus de deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle, alors que François Fillon et Marine Le Pen sont visés par des enquêtes.
Depuis la révélation par « Le Canard enchaîné », François Fillon et ses soutiens dénoncent une opération de déstabilisation montée au sommet de l’Etat et relayée complaisamment par les médias. | CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Le parquet de Paris a ouvert une enquête après que des magistrats du pôle financier et les rédactions du Canard enchaîné et de Mediapart ont reçu des « menaces de mort » qui jettent un nouveau trouble dans une campagne présidentielle, marquée par les affaires judiciaires, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
Quatre courriers, contenant des balles, sont arrivés lundi au pôle financier et deux courriers « similaires » ont été reçus mercredi au sein des deux rédactions, a affirmé une source judiciaire, précisant que l’enquête avait été confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).
Menace sérieuse
Ces textes sont signés d’un mystérieux « Collectif épuration 2J », jusque-là inconnu, et placent « juges et journalistes dans le même sac ». Une photo de la lettre diffusée par Mediapart montre une courte missive sur laquelle figurent le dessin d’un cercueil et celui d’une tête de mort. Le directeur de Mediapart, Edwy Plenel, a déposé plainte « pour le principe », après avoir reçu un courrier adressé au site d’information et à son attention, une menace qu’il juge « sérieuse ».
Dans cette lettre accompagnée d’une balle, datée du 30 mars et postée de Marseille, on peut lire : « la Vigilance et la Protection ne durent pas Ad Vitam… Ce jour-là, nous serons là pour vous ou l’un de vos proches. »
Bien qu’il soit habitué à recevoir des menaces, le directeur de Mediapart a porté plainte, estimant que cette menace « était plus formalisée, plus “soignée”, si on peut dire ». Un dessin de cercueil portait ses initiales « EP ».
Cette allusion « m’a évoqué le service action civique (SAC) », a déclaré M. Plenel, vendredi 7 avril. « Les policiers sont venus saisir le courrier et comme Louis-Marie Horeau du Canard enchaîné (le rédacteur en chef), et comme probablement les magistrats concernés, j’ai été auditionné », a-t-il ajouté. Le journaliste, ajoutant que c’était la première fois qu’il recevait un courrier avec une balle. De son côté, Louis-Marie Horeau n’a pas souhaité faire de commentaires.
Contexte électoral
Ces menaces, visant également quatre magistrats financiers, sont arrivées à moins de trois semaines du premier tour de l’élection présidentielle, alors que les candidats François Fillon (Les Républicains) et Marine Le Pen (Front national) sont visés par des enquêtes menées par le pôle financier du tribunal de Paris.
Depuis la révélation par Le Canard enchaîné, François Fillon et ses soutiens dénoncent une opération de déstabilisation montée au sommet de l’Etat et relayée complaisamment par les médias. Jeudi, M. Fillon, sur France Inter, « a même proféré une mise en garde : “Ceux qui sont à l’origine de cette affaire ne dormiront pas bien à l’avenir.” » L’Elysée a par ailleurs annoncé que des collaborateurs de François Hollande ont été victimes de « menaces de mort », après les accusations de M. Fillon sur l’existence supposée d’un « cabinet noir » au palais présidentiel.
De son côté, le parquet national financier (PNF) a estimé qu’aucun élément probant ne justifiait l’ouverture d’une enquête préliminaire sur l’existence ou non d’un « cabinet noir » à l’Elysée, comme l’avait suggéré François Fillon sur la base d’éléments contenus dans un livre de journalistes.