La trottinette-chariot devrait être vendue autour de 1 500 euros. | Robin Braem

Dans sa tête de matheux, une idée avait germé au cours de ses deux années de classe préparatoire scientifique à Lille. Robin Braem avait alors découvert l’une des contraintes de l’indépendance : faire ses courses le soir entre le lycée et son domicile à bicyclette. Stationner le vélo, le cadenasser, faire son marché, puis accrocher des sacs de provisions au guidon gênant le retour… « Le tout devenait une véritable corvée, dit Robin Braem, aujourd’hui âgé de 22 ans. Sans compter qu’une fois, le vélo étant déséquilibré par des sacs lourds, je suis tombé devant ma copine ! » Inventeur en herbe pragmatique, il a alors imaginé une bicyclette qui se transformerait en chariot, une fois la porte du supermarché franchie, et qui redeviendrait un deux-roues avec panier pour rentrer chez soi.

Une vision claire

Admis à l’Ecole des mines de Douai (Nord), Robin Braem a d’emblée soumis son projet à ses professeurs. « Il est rare qu’un élève se manifeste dès le début de la première année avec une vision aussi claire de ce qu’il veut créer, souligne Bruno Théry, qui enseigne la conception et le dessin. Son idée était originale et bienvenue : nous abordions la question des objets multifonctions liés à la mobilité. »

En deuxième année, le vélo a été remplacé par une trottinette électrique avec panier, beaucoup plus légère, pourvue de trois roues pour assurer sa stabilité. Eurêka ! Un nouveau moyen de micromobilité en milieu urbain pouvait naître. Pour Robin Braem, la conception assistée par ordinateur et la fabrication de l’engin sont devenues le fil rouge de ses trois années de formation, sanctionnée, fin 2016, par son diplôme d’ingénieur, option entrepreneuriat.

« D’un simple mouvement du pied, je peux amener les roues arrière sous celle de l’avant », démontre Robin Braem.

Soutenu par l’Ecole des mines-Douai et son ­fab lab, il a bénéficié d’outils à la pointe de la technologie et s’est vu attribuer un petit garage pour mener ses expérimentations, durant lesquelles il a été beaucoup aidé. Par le technicien de l’atelier mécanique de l’école d’abord, un expert en poste depuis 1976. « On a discuté de la faisabilité des maquettes, puis j’ai manié les machines à découper les métaux pour lui », indique Christian Martellette. Puis par des professionnels aguerris et bénévoles, sur l’assemblage des pièces ou le choix des meilleurs matériaux. « On regardait par-dessus son épaule, et on rectifiait le tir au besoin », dit Gabriel Montagner, un ingénieur spécialisé dans les voitures de course. « Plusieurs fois, leurs astuces ont fait la différence, dit Robin Braem. J’avais besoin de leurs compétences, de leur instinct et de leurs encouragements lorsque je commençais à baisser les bras. »

Smart cities : une trottinette électrique transformable en chariot pour simplifier la ville
Durée : 03:11

Une première phase de production

En trois ans, Robin Braem a fait évoluer à douze reprises la maquette de la trottinette-chariot et en a conçu trois prototypes, simplifiant chaque fois un peu plus le système. Résultat : l’engin en aluminium, autonome sur 25 km, avec une vitesse de pointe pouvant atteindre près de 30 km/h mais équipé de freins hydrauliques, est stable sur ses trois roues, pratique avec son panier, et éclairé la nuit en LED. Il suffit d’un geste pour transformer la trottinette en chariot, par un système qui vient d’être breveté. « D’un simple mouvement du pied, je peux amener les roues arrière sous celle de l’avant », démontre Robin Braem, joignant le geste à la parole. Las ! Parfois le système se bloque. Le prototype mérite encore quelques réglages, mais il a obtenu 25 000 euros du fonds régional d’incubation ainsi qu’une allocation de 1 000 euros par mois pendant un an délivrée par la région.

L’étude de marché réalisée par l’incubateur de Mines-Douai a confirmé un réel intérêt, auprès d’urbains pressés ou de personnes marchant avec difficulté. Une première phase de production en série devrait commencer d’ici à la fin de cette année, escompte Robin Braem, dont la trottinette-chariot devrait être vendue environ 1 500 euros. En octobre 2016, lors du dernier ­Salon Autonomy – le rendez-vous de la mobilité urbaine à Paris –, la micromobilité était l’un des secteurs les plus dynamiques.

LES DEUX ACCESSITS

1er : Toast, start-up de l’université technologique de Troyes, pour l’optimisation des sens de circulation urbaine.

2e : Le Carrefour de mobilité de La Rochelle (Charente-Maritime).

Smart Cities : « Le Monde »  décrypte les mutations urbaines

Le Monde organise vendredi 7 avril à Lyon une journée de débats sur le thème « Gouverner la ville autrement : les villes peuvent-elles réenchanter la démocratie ? ». Entrée gratuite sur inscription ici.

A cette occasion, Le Monde récompense avec ses partenaires les lauréats de la deuxième édition des Prix européens de l’innovation Le Monde-Smart Cities pour leurs projets innovants améliorant la vie urbaine.

Les candidatures aux prix internationaux (hors Europe) sont encore ouvertes jusqu’au dimanche 9 avril.

Retrouvez l’actualité des villes décryptée par les journalistes du Monde dans la rubrique « Smart cities » sur Lemonde.fr.