« The Climb », simulation d’escalade, est le dernier jeu à ce jour de Crytek. Plus dure sera la chute ? | Crytek

C’est, dans le milieu du jeu vidéo, l’une des entreprises les plus connues d’Europe : l’Allemand Crytek serait, selon des internautes se présentant comme ses employés, en grande difficulté financière.

La rumeur est née le 10 décembre, sur le forum de discussion Reddit. L’utilisateur CrytekThrowaway (Crytek Jetable), se présentant comme un employé de la société, explique que ses collègues et lui n’auraient pas été payés depuis près de six mois.

« Beaucoup de mes collègues sont venus de l’étranger pour travailler ici et ne peuvent pas repartir : ils n’ont pas touché de salaire depuis si longtemps qu’ils n’ont pas les moyens de rentrer chez eux. (…) Les frères [Yerli, fondateurs de l’entreprise, ndlr] nous ont assurés il y a quelques mois que le problème avait été réglé mais ce n’est pas le cas : les gens travaillent toujours sans être payés. Autant que je le sache, ce n’est pas seulement le cas en Allemagne mais aussi dans nos autres divisions. »

Le même jour, le site spécialisé Polygon rapporte avoir été contacté par des employés. Les chiffres diffèrent mais le constat est le même : cela ferait cinq mois qu’ils percevraient leur salaire en retard, et ne seraient plus payés du tout depuis deux mois.

Même son de cloche sur le site Let’s Play Video Games, à qui des employés de Crytek Black Sea, la division bulgare de Crytek, expliquent qu’ils n’auraient pas perçu de salaire depuis trois mois et demi. La même source évoque un rachat prochain de Crytek par « un grand nom de l’industrie ».

Il y a une semaine, sur le portail professionnel Glassdoor.co.uk, un développeur anonyme se présentant comme un employé de Crytek regrettait déjà que la société n’ait pas « de plan viable pour l’avenir » ou encore que les gens y soient « tristes, silencieux et démotivés. Certains ont déjà quitté la société, et beaucoup d’autres parlent de le faire ». Avant de conclure en accusant son employeur de s’être « planté dans les grandes largeurs ces cinq dernières années ».

Faute de pouvoir payer les employés de sa division britannique, Crytek a dû revendre à Deep Silver le studio et « Homefront The Revolution », sur le jeu sur lequel il travaillait. | Deep Silver

Des difficultés qui en rappellent d’autres

D’après le témoignage anonyme que rapporte Let’s Play Video Games, la société allemande s’apprêterait d’ailleurs à vendre sa division bulgare, actuellement au travail sur le jeu multijoueurs Arena of Fate. Une manœuvre qui rappelle celle déjà effectuée par Crytek en juin 2014 : la division britannique Crytek UK et son jeu Homefront The Revolution, après des difficultés similaires et un mouvement de grève, avaient été revendus à l’éditeur Deep Silver. En juillet 2014, Crytek avait également fermé sa division américaine, basée à Austin (Texas), et rapatrié le projet Hunt : Horrors of the Gilded Age au siège de l’entreprise, à Francfort.

Cevat Yerli, le cofondateur de Crytek, avait alors reconnu ne pas avoir eu d’autres choix, pour éviter la faillite, que de temporiser le versement des salaires de ses employés. « Nous avons traversé une période de transition, comme le reste de l’industrie, explique-t-il alors à Eurogamer.net. Cette transition a nécessité des investissements supplémentaires, qui ont temporairement diminué nos marges de manœuvres. »

Sursaut en 2015

En 2015, on apprenait que Crytek avait conclu un accord avec Amazon concernant l’exploitation du CryEngine, la technologie maison de Crytek. Une transaction d’au moins 50 millions de dollars selon le site Kotaku, qui avait permis à la société allemande de respirer un peu.

Cela n’a pas empêché le studio historique de Crytek à Francfort de continuer à perdre des employés, au profit notamment du studio voisin Foundry 42. Leur savoir-faire est là-bas particulièrement apprécié : Foundry 42 utilise le moteur CryEngine pour son titre Star Citizen.

Autrefois fleuron de l’industrie vidéo ludique allemande, avec des titres comme le premier Far Cry (2004) et la trilogie Crysis (2007-2013), Crytek, a depuis l’échec critique de Ryse (2013) enchaîné les difficultés.

La société n’a publié depuis qu’un jeu pour téléphone portable (The Collectables) et deux titres pensés pour les casques de réalité virtuelle : le jeu d’aventure Robinson : The Journey (PlayStation VR) et la simulation d’escalade The Climb (Oculus Rift).