Enseignement supérieur : 350 000 étudiants de plus d’ici à 2025
Enseignement supérieur : 350 000 étudiants de plus d’ici à 2025
Par Camille Stromboni
L’équivalent d’une dizaine d’universités supplémentaires pourrait être nécessaire pour les accueillir.
L’université serait la première concernée par l’augmentation des effectifs dans les prochaines années, avec une poussée de plus de 200 000 étudiants attendue en dix ans [Université Paul Valéry Montpellier 3]. | Camille Stromboni/Le Monde
Les chiffres sont vertigineux. L’enseignement supérieur pourrait compter 350 000 étudiants de plus d’ici à 2025, d’après les dernières projections publiées par le ministère de l’éducation nationale, vendredi 7 avril. Si les tendances actuelles en termes d’orientation, de poursuite d’études et de démographie se prolongent, ils seraient ainsi 2,9 millions d’étudiants dans huit ans.
Les universités seraient les premières concernées. Elles gagneraient ainsi 238 000 inscriptions supplémentaires entre 2015 et 2025 (un chiffre qui comprend les doubles inscriptions en classe préparatoire et à l’université, désormais obligatoires pour tout élève inscrit en prépa). Ce qui représente l’équivalent de plus d’une dizaine d’universités de taille moyenne en plus.
Cette évolution s’explique principalement par le dynamisme démographique qui se fait sentir dans l’enseignement supérieur depuis au moins trois ans, avec 30 000 à 40 000 étudiants de plus chaque année simplement à l’université. Les établissements se retrouvent de plus en plus démunis pour répondre à cet afflux, avec une subvention de l’Etat qui ne progresse pas – hormis en 2017 – et en parallèle des charges qui augmentent. D’importants pics sont pourtant encore à venir, dès la rentrée 2017, puis en 2018 et également en 2024, en raison des nombreuses naissances comptées en 2000, 2001 et 2006.
Les filières en sciences, sport et économie en tête
Le niveau licence serait celui soumis à la plus forte poussée : le nombre d’étudiants atteindrait ainsi plus d’un million en 2025, d’après cette projection, contre 860 000 étudiants en 2015 (doubles inscriptions comprises). Tous les domaines universitaires seront concernés, mais certains plus particulièrement : si le droit et la santé verront leurs effectifs croître de seulement 7 % à 9 % en dix ans en licence, les sciences et les Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) feraient, elles, un bond de près de 30 %, les sciences économiques et l’AES (Administration économique et sociale) de 22 %, et les Lettres et sciences humaines, de 15 %.
Du côté des autres grandes filières de l’enseignement supérieur, les formations d’ingénieurs (non universitaires) connaîtraient l’augmentation la plus forte, avec environ 22 000 étudiants de plus en dix ans (+ 20,1 %). Les IUT verraient leurs effectifs progresser de près de 13 000 étudiants (+ 10,7 %), les classes préparatoires aux grandes écoles de 8 000 étudiants (+ 9,6 %) et les sections de techniciens supérieurs (STS) de 18 000 (+ 6,8 %). Enfin, pour l’ensemble des formations de type « écoles de commerce, d’art, d’architecture, de notariat, facultés privées, écoles paramédicales et sociales… », l’évolution pourrait être de 63 000 étudiants supplémentaires d’ici à 2025 (+ 13,6 %).
Des inconnues importantes
Des projections à prendre cependant avec précaution : comme le précise l’auteur de la note ministérielle, « ce scénario suppose que l’environnement législatif reste le même sur l’ensemble de la période, à savoir qu’aucune nouvelle réforme n’affecte les lycées, les établissements d’enseignement supérieur ou les différents cursus d’études ». Or l’hypothèse de stabilité paraît peu probable. Plusieurs candidats à l’élection présidentielle, comme Emmanuel Macron, François Fillon et Marine Le Pen, ont promis de mettre en place une forme de sélection à l’entrée de licence.
Ces projections « supposent également que les capacités d’accueil des filières sélectives [puissent] être augmentées dans certaines proportions pour accueillir les flux supplémentaires », souligne par ailleurs l’auteur de l’étude. Une incertitude qui ne concerne plus seulement les IUT, les BTS et les CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles). Depuis la réforme votée en décembre, les masters sont autorisés à mettre en place des critères de sélection à l’entrée de la première année. Et si les craintes existent déjà pour cette année de transition de voir un nombre de places ouvertes en master insuffisant pour accueillir tous les étudiants qui souhaitent poursuivre leurs études, cette inquiétude ne risque pas de disparaître : le ministère table sur une hausse de 83 000 étudiants d’ici à 2025 à ce niveau d’études.