A Strasbourg, le 10 avril 2017, affiches des onze candidats à la présidentielle. | FREDERICK FLORIN / AFP

A six jours du premier tour de l’élection présidentielle, lundi 17 avril, il était encore temps pour les candidats de donner rendez-vous à leurs sympathisants. En ce lundi de Pâques, férié, François Fillon (Les Républicains) a tenu meeting à Nice, tandis qu’Emmanuel Macron (En marche !) était dans la salle parisienne de Bercy pendant le même après-midi.

Plus tard dans la soirée, Marine Le Pen (Front national) était au Zénith de Paris. Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) avait trouvé un moyen plus inattendu de motiver ses sympathisants, à bord d’une péniche naviguant sur les canaux parisiens.

Marine Le Pen au Zénith de Paris le 17 avril. | PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

Marine Le Pen a déclaré lundi soir, lors d’un meeting au Zénith de Paris, qu’elle souhaitait instaurer un « moratoire immédiat sur toute l’immigration légale » si elle était élue à la présidence de la République.

Cette mesure ne figure pas dans le programme présidentiel de la candidate du Front national, qui avait jusque-là annoncé vouloir déjà « réduire l’immigration légale à un solde annuel de 10 000 » et « supprimer les pompes aspirantes de l’immigration ».

Ce meeting au Zénith aura été interrompu à deux reprises par des militantes opposées au Front national. Une jeune femme a d’abord fait irruption en montant à la tribune pendant la prise de parole de Marine Le Pen, avant de se faire plaquer par le service d’ordre. Une autre a ensuite réussi à monter sur l’estrade réservée aux caméras.

Dans la foulée, Marine Le Pen a attribué la responsabilité de ce premier incident à « des extrémistes d’extrême gauche ». Plus tôt dans la journée, aux abords de la salle, quelques militants antifascistes avaient déjà tenté de s’opposer au rassemblement du parti d’extrême droite.

Francois Fillon, le 17 avril 2017, à Nice. | ERIC GAILLARD / REUTERS

A Nice, dans cette ville encore marquée par l’attentat perpétré le 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, le candidat du parti Les Républicains à la présidentielle a promis « la sécurité partout et pour tous ». « Je veux remettre de l’ordre », a affirmé l’ex-premier ministre lors de sa réunion publique en présence de Christian Estrosi, maire (LR) de Nice et président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA).

Avant lui, devant 5 000 spectateurs, M. Estrosi s’était fait siffler mais aussi applaudir en évoquant la nécessité de « se rassembler ». Le maire de Nice avait réservé, le 2 avril, « un accueil républicain » à Emmanuel Macron (En marche !), à la demande de ce dernier.

Alors qu’une voix dissonante dans la salle s’est élevée pendant son discours pour crier « Rends l’argent ! », M. Fillon, mis en examen notamment pour détournement de fonds, a interrompu quelques instants son discours pour lancer « c’est drôle, il suffit qu’il y ait une personne qui émette un jugement critique pour que l’ensemble des médias sorte de la salle et le suive. » Hormis un ou deux cameramen et quelques photographes, la grande majorité des journalistes, sifflée par le public, était pourtant restée à sa place.

Sympathisants d’Emmanuel Macron, le 17 avril 2017, à Paris-Bercy. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE"

A Paris, Emmanuel Macron a défendu une France « ouverte, confiante et conquérante », à laquelle il veut « rendre son optimisme » en plaidant pour « l’accession aux responsabilités d’une génération nouvelle » lors de son plus grand meeting de campagne dans la salle de Bercy.

Devant quelque 20 000 personnes, le candidat d’En marche ! a prononcé un discours d’une heure et demie où il a proclamé son amour pour la France. « Je l’aime dans son passé mais à la différence d’autres, je l’aime aussi dans son avenir », a assuré l’ancien ministre de l’économie de 39 ans, qui a compté sur le soutien de Mourad Boudjellal, le président du Rugby club toulonnais, venu chauffer la salle en préambule.

Dans six jours, « la France a rendez-vous avec ce qu’elle a de meilleur en elle », a poursuivi M. Macron, à savoir « la confiance contre la défiance, l’unité contre la division, la lucidité contre les chimères, la générosité contre la cupidité, l’espoir et le courage contre la résignation ».

Jean-Luc Mélenchon sur le canal de l'Ourcq, à Paris, le 17 avril 2017. | Thibault Camus / AP

Porté par des vents favorables, Jean-Luc Mélenchon a tenté de galvaniser ses sympathisants de sa « péniche insoumise » sur les canaux parisiens, multipliant les attaques contre les médias.

Après l’hologramme du 5 février à Lyon et à Aubervilliers, le candidat de La France insoumise à la présidentielle a choisi la péniche pour mobiliser de Bobigny (Seine-Saint-Denis) à Paris. « Cette semaine, c’est là que tout va se jouer », a-t-il prédit, posté sur son vaisseau. Micro en main, M. Mélenchon a motivé ses soutiens aux cris de « Résistance !» et « Dégagez ! dégagez ! ». Sentant « la victoire au bout des doigts », il a néanmoins averti qu’il « manquera peut-être une poignée de voix ».

Le candidat entend confirmer sa progression dans les sondages, et faire « la démonstration de [s]on sang-froid total », tout en anticipant des difficultés en fin de campagne. Se présentant comme « un type perché sur une péniche un lundi de congé », M. Mélenchon s’est adressé aux banlieusards et aux Parisiens de sortie le long des canaux.