TV : « Dix pour cent », inégale mais jubilatoire
TV : « Dix pour cent », inégale mais jubilatoire
Par Renaud Machart
Notre choix du soir. La deuxième saison de la série, en dépit de quelques invraisemblances et de moments creux, est réjouissante (sur France 2 à 20 h 55).
Ils arrivent dans DIX POUR CENT Saison 2 !
Durée : 00:42
Fondée sur l’expérience et les souvenirs de l’agent d’acteurs Dominique Besnehard (devenu producteur), la saison 1 de Dix pour cent, créée par Fanny Herrero et supervisée par le cinéaste Cédric Klapisch, a été l’une des meilleures surprises procurées en 2015 par l’unité fiction de France 2.
Une agence d’acteurs parisienne, en tous points semblable – avec ce qu’il faut d’exagération et de décadrage dans les situations – à celle que Besnehard a longtemps dirigée, subit un fort contretemps avec la mort de son fondateur. Certains grands noms de leur liste de comédiens menacent de s’en aller ; l’argent manque et la veuve du défunt veut vendre ses parts à des investisseurs.
Virginie Efira et Ramzy Bedia dans la série « Dix pour cent ». | CHRISTOPHE BRACHET
Ayant défendu tant bien que mal leur indépendance, les quatre agents doivent finalement accepter d’être chapeautés par un play-boy nouveau riche pour qui la fin justifie tous les moyens. Comme faire croire à Fabrice Luchini qu’il va pouvoir enfin jouer un « méchant » dans un James Bond afin de le voler à une agence concurrente…
L’intrication de la vie personnelle des agents (et de leurs assistants) et de celle de leurs clients célèbres donne, comme dans la saison 1, de réjouissantes situations émaillées de dialogues souvent à hurler de rire.
Mais le rôle du nouveau « boss » est un peu gros de trait, même s’il doit ressembler à quelques exemples de la vie réelle… On regrettera aussi quelques invraisemblances et des épisodes moins forts : même si l’on sait que les acteurs sont distribués dans des emplois inspirés par d’autres qu’eux-mêmes, on a bien du mal à croire au couple que forment Virginie Efira et Ramzy Bedia (du duo Eric et Ramzy) dans l’épisode 1.
Isabelle Adjani pétillante
Et il faut bien avouer que celui qui a pour vedette le youtubeur Norman Thavaud, dit Norman, est assez ennuyeux (même s’il ne faut pas le rater car Andréa y connaît une expérience déterminante). En revanche, l’épisode où apparaît Guy Marchand, qui incarne un acteur qu’une attaque cérébrale rend imprévisible sur le plateau du tournage, ménage une parenthèse tristement aigre-douce.
Mais Isabelle Adjani y est pétillante et divine comme en ses jeunes années, et Juliette Binoche, qu’on sait capable de fantaisie débridée, y révèle probablement un aspect d’elle-même, quand bien même une partie de la trame qu’elle anime, au cours de l’épisode conclusif de cette saison 2, semble inspirée par une apparition fameusement surréaliste de Sophie Marceau sur la scène du Palais des festivals de Cannes… Après avoir mis la barre très haut avec ces deux stars déjà légendaires, Dix pour cent va devoir assurer ses devants pour une saison 3 qui devra immanquablement faire encore mieux. Au risque que les épisodes sacrifient le scénario et les intrigues secondaires au profit de numéros de quelques très grands noms qui pourraient verser dans le cabotinage.
Guy Marchand dans la série « Dix pour cent ». | CHRISTOPHE BRACHET/MONVOISIN PRODUCTIONS/MOTHER PRODUCTIONS/FTV
On sait que certains acteurs de premier plan avaient décliné l’invitation à figurer au générique de la saison 1, pensant qu’il serait préjudiciable à leur image de se mettre en scène sous un jour parfois défavorablement grotesque. Désormais, la voie ayant été ouverte, ils risquent de courir et de bouchonner au portillon. Qui s’en plaindra ?
Dix pour cent, saison 2, série créée par Fanny Herrero. Avec Camille Cottin, Thibault de Montalembert, Grégory Montel, Liliane Rovère, Fanny Sidney et la participation d’Isabelle Adjani, Ramzy Bedia, Juliette Binoche, Virginie Efira, Julien Doré (France, 2017, 6 ×52 min).