« Fin d’un cycle », « scores inédits », « reconstruction » : les réactions des politiques
« Fin d’un cycle », « scores inédits », « reconstruction » : les réactions des politiques
Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont arrivés en tête du premier tour de l’élection présidentielle, avec respectivement 23,9 % et 21,4 % des voix.
Le candidat du mouvement En Marche !, Emmanuel Macron, est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle française, le lundi 23 avril 2017. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE
De nombreuses personnalités politiques, de droite comme de gauche, ont appelé à voter pour Emmanuel Macron face à la candidate du Front national (FN), Marine Le Pen, au second tour de l’élection présidentielle, le 7 mai. Pour la première fois sous la Ve République, aucun candidat de grands partis ne sera représenté à cette échéance.
Soutien de M. Macron, qui est présenté comme le grand favori, François Bayrou est resté prudent lundi matin 24 avril sur RTL : « Une élection présidentielle n’est jamais gagnée à l’avance. » Le président du Mouvement démocrate (MoDem) estime que les « fractures » en France « sont profondes ». « Ce que propose Marine Le Pen – la sortie de l’UE et de l’euro – est pour chacun un danger immense », met en garde le maire de Pau. « Il n’y aucune raison d’amender le projet puisque c’est un projet équilibré », a-t-il ajouté, face aux appels à voter pour son candidat.
« Il faudra être d’accord sur le fond, sur la démarche, sur la stratégie pour nous rejoindre », a par ailleurs prévenu sur Europe 1 Richard Ferrand, secrétaire général d’En marche !. « Le choix est clair maintenant, a-t-il ajouté. On a d’un côté le repli nationaliste proposé par Marine Le Pen (…) et, de l’autre, une vision de l’avenir, une envie de redonner de la force pour l’Europe. » Le député socialiste du Finistère a en outre regretté la position de Jean-Luc Mélenchon, qui n’a pas appelé à voter pour M. Macron et attend de consulter ses partisans.
« La débâcle personnelle de François Fillon et d’un clan »
Quant à Marine Le Pen, elle débute dès aujourd’hui sa campagne « sur le terrain auprès des Français », a annoncé Florian Philippot, invité de LCI. Le vice-président du FN plébiscite « un vrai débat de fond face à Macron, le candidat du système et de toutes les oligarchies coalisées ». Le député européen estime qu’« il y a des réserves de patriotisme immenses ». « Notre projet est déjà majoritaire dans le pays, a-t-il affirmé. On va s’adresser à tous les Français maintenant. Je remarque que les candidats anti-européens ont fait des scores inédits. »
Si le candidat de la droite et du centre, François Fillon, a appelé sans ambages dimanche soir à voter pour Emmanuel Macron, certains Républicains ne partagent pas cette position. « Macron est un vrai problème pour mon pays autant que Marine Le Pen », a fait valoir Christophe Billan, président du mouvement Sens commun, très actif auprès du candidat du parti LR. Il donne quinze jours au candidat d’En marche ! pour le convaincre.
Interrogé sur LCI, le député LR Georges Fenech affirme : « Je ne voterai pas, comment voulez-vous que je vote pour quelqu’un que j’ai combattu ? Que chacun fasse ce qu’il veut. » Regrettant l’absence de campagne, le sarkozyste historique « appelle à la dissolution du comité politique » de son parti. Ce résultat, c’est « la débâcle personnelle de François Fillon et d’un clan », a-t-il poursuivi. Seul sujet qui l’intéresse aujourd’hui : les législatives.
« Des interrogations pour la reconstruction »
C’est également ce rendez-vous qui préoccupe désormais François Baroin, invité d’Europe 1 : « Il y aura des interrogations pour la reconstruction, définir un pacte de gouvernement avec l’UDI, une plateforme pour les législatives. » Le sénateur-maire LR de Troyes s’interroge aussi « sur l’organisation de la primaire », car « la baisse de Fillon n’a pas commencé avec les affaires mais au lendemain de la primaire au sujet de son programme ». Estimant que « la famille gaulliste a toujours été un adversaire déterminé du Front national », il appelle à voter pour M. Macron au second tour.
Même tonalité sur le plateau de Télématin, sur France 2 : « Le général de Gaulle était un homme en marche », a assuré Christian Estrosi. Le président LR de la région PAC fustige le glissement « d’une droite populaire (…) vers une droite élitiste ».
Sur RMC, le codirecteur de campagne du candidat du Parti socialiste (PS) Mathieu Hanotin a qualifié le projet de Mme Le Pen d’« extrêmement inquiétant ». Pour lui, « la primaire de la gauche avait crée un nouvel espoir. L’échec de Benoît Hamon, notre échec, c’est de ne pas avoir cristallisé ça, à déjouer la catastrophe annoncée. » Le député de Seine-Saint-Denis a donc appelé « sans ambiguïté » à « voter Macron ».
Valls appelle à une « clarification » au sein du PS
« C’est la fin d’un cycle, la fin d’une histoire, a déploré pour sa part Manuel Valls, sur France Inter. Nous sommes dans une phase de déconstruction, j’aimerais que l’on soit dans la reconstruction avec les législatives. » Appelant à une « clarification » au sein du PS, l’ancien premier ministre n’a pas hésité à accabler Benoît Hamon, son adversaire aux primaires : « Quand on mène une campagne de gauche extrême gauche, on ne récolte que ce que l’on a semé. » « Satisfait » du score de M. Macron, qui représente selon lui « une espérance », M. Valls le soutient pour le second tour.
Les lieutenants du leader de La France insoumise se montrent plus circonspects. Danielle Simonnet, l’une des porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, est revenue sur l’absence de consigne de vote. « Pas une voix ne doit aller à Marine Le Pen, a déclaré sur Europe 1 la coordinatrice du Parti de gauche. Notre méthode va être différente des partis traditionnels. Nous appelons les insoumis à se prononcer sur une plateforme Internet pour qui voter. » Les militants décideront donc de voter blanc ou pour le candidat d’En marche !. « Macron est comme toutes ces droites ultralibérales en Europe responsable de la montée de l’extrême droite », a-t-elle ajouté. Interrogée sur une éventuelle alliance avec Benoît Hamon, la porte-parole a estimé qu’« on ne construit pas une bonne dynamique par des additions de bouts d’électorat ».