Qui est Guus Kouwenhoven, condamné pour « crimes de guerre » au Liberia ?
Qui est Guus Kouwenhoven, condamné pour « crimes de guerre » au Liberia ?
Par Stéphanie Maupas (La Haye, correspondance)
Le Néerlandais a été reconnu coupable par un tribunal des Pays-Bas de « trafic d’armes » pour le chef de guerre Charles Taylor dans les années 1990.
C’est un homme d’affaires que la justice des Pays-Bas a condamné à dix-neuf ans de prison pour « complicité de crimes de guerre » et « trafic d’armes ». Les « intérêts professionnels » de Guus Kouwenhoven « étaient étroitement liés aux intérêts politiques, financiers et privés » de l’ancien président du Liberia, Charles Taylor, a déclaré la cour d’appel de Den Bosch, vendredi 21 avril : « Il utilisait les entreprises de bois précieux pour importer, entreposer et distribuer des armes au Liberia. »
Mais Guus Kouwenhoven n’a pas l’intention de purger sa peine. Incarcéré de 2005 à 2007 aux Pays-Bas, mais exilé depuis à l’étranger, l’homme d’affaires de 74 ans n’était pas là pour entendre la sentence. Quant à ses avocats, ils ont l’intention d’obtenir la suspension de la peine d’emprisonnement pour raisons de santé, devant la Cour européenne des droits de l’homme. Pour les juges néerlandais, la condamnation de Guus Kouwenhoven vise à « faire comprendre à des hommes d’affaires comme lui (…) qu’ils peuvent se retrouver impliqués dans de graves crimes de guerre ».
En s’installant au Liberia dans les années 1980, Guus Kouwenhoven savait que celui avec lequel il s’était allié pour faire fructifier ses affaires était un « seigneur de guerre ». Charles Taylor, qui s’était emparé du Liberia au terme d’une guerre terrifiante, a été condamné en 2012 par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) à cinquante ans de prison pour avoir exporté sa guerre en Sierra Leone, voisine du Liberia, dans l’objectif de s’emparer des richesses du pays, bois et diamants.
« Compte secret du gouvernement »
Au cours de son procès, Guus Kouwenhoven a toujours nié son implication dans les crimes du régime Taylor. Mais lorsqu’il avait été arrêté aux Pays-Bas en 2005, le procureur du TSSL avait coopéré avec les autorités néerlandaises. Et Charles Taylor a été plus loquace que lui. Au cours de son procès, il avait raconté qu’après son accession à la tête du Liberia, il avait accordé plusieurs concessions forestières à l’Oriental Timber Corporation (OTC) et à Natura, deux sociétés de Guus Kouwenhoven. « C’était un programme de 250 millions de dollars [230 millions d’euros] que nous avions mis en place pour contrôler la forêt au Liberia » avait déclaré M. Taylor. Le procureur avait produit plusieurs preuves de transferts d’argent, dont l’un d’un montant de 2 millions de dollars par la société Natura, sur un compte de Charles Taylor à la Banque libérienne pour le développement et l’investissement (LBDI).
Se défendant d’avoir volé son pays, M. Taylor avait assuré qu’il s’agissait d’« un compte secret du gouvernement » lui permettant « d’acheter des armes et des munitions pour mener notre guerre » en détournant l’embargo des Nations unies. Un compte à son nom, mais qui n’était pas caché au gouvernement. « Le secret avait trait à la communauté internationale », avait-il raconté.