Dès le soir du premier tour, dimanche 23 avril, la CFDT a appelé à « se mobiliser pour battre la candidate du Front national, dimanche 7 mai, et donc à voter pour Emmanuel Macron ». Pour la centrale de Laurent Berger, les idées du parti frontiste constituent « une menace pour la démocratie, la justice sociale et l’égalité ». Les résultats du premier tour, ajoute-t-elle, « montrent un pays profondément divisé et en attente d’une dynamique porteuse de progrès social pour tous », ce qui « pose une exigence envers le futur président de la République ».

M. Berger a participé, lundi 24 avril, avec SOS-Racisme et d’autres associations, à un « rassemblement républicain pour la démocratie » place de la République, à Paris. La CFDT a condamné les actes de « vandalisation » contre son siège dimanche. La CGT, l’UNSA et la CFTC ont exprimé leur solidarité.

Interrogé sur l’attitude de la CGT en cas de présence de Marine Le Pen au second tour, son secrétaire général, Philippe Martinez, avait répondu au Monde (daté du 22 avril) : « On est en réflexion », tout en confirmant son « opposition résolue au Front national ». Lundi 24 avril, l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (UGICT-CGT) a affirmé qu’« il faut, sans hésiter, barrer la route au Front national et faire du deuxième tour un vote d’élimination ». Elle souhaite dire à l’occasion du 1er Mai qu’« Emmanuel Macron n’aura pas de mandat pour démanteler l’Etat social et généraliser la loi travail ».

« Aucune consigne » pour FO

Sortant de sa « réserve habituelle », la CFTC a appelé, sans citer le nom de M. Macron, à « faire barrage à l’extrême droite ». La centrale chrétienne « ne peut se résoudre à l’arrivée au pouvoir d’une force politique dont l’action conduit directement ou indirectement à favoriser les systèmes totalitaires ou xénophobes et racistes ». Cette prise de position permet à la CFTC de tourner la page après les remous suscités par la présence de son vice-président, Joseph Thouvenel, à une manifestation, en octobre 2016, de La Manif pour tous aux côtés de Marion Maréchal-Le Pen, députée FN du Vaucluse, puis par l’association de son syndicat de policiers, à laquelle elle a mis fin en janvier, avec la Fédération professionnelle indépendante de la police, étiquetée à l’extrême droite.

De son côté, Solidaires « réaffirme que pas une voix ne doit aller au FN » mais récuse tout « soutien à une politique libérale et répressive ». Le syndicat Alliance Police nationale, affilié à la CFE-CGC, « invite à voter contre la candidate du Front national », sans citer M. Macron. Comme en 2002, les syndicats sont en ordre de bataille contre le parti frontiste, à l’exception de FO. Son secrétaire général, Jean-Claude Mailly, a redit, sur France Inter, qu’il « ne donne aucune consigne de vote », tout en soulignant que la présence de Mme Le Pen au second tour est « un problème démocratique », et en rappelant son « rejet de tout racisme, xénophobie ou antisémitisme ». La question d’un 1er Mai syndical unitaire fait l’objet de tractations.