Les photos des deux journalistes incriminés dans un article de presse d’août 2015. / FADEL SENNA / AFP

Le feuilleton judiciaire entre le roi du Maroc et Catherine Graciet et Eric Laurent, deux journalistes français soupçonnés d’avoir voulu faire chanter le monarque, a connu un nouveau rebondissement vendredi 10 novembre avec un arrêt de la Cour de cassation.

La plus haute juridiction française, saisie par Catherine Graciet et Eric Laurent, a validé deux enregistrements clandestins à l’origine de leur mise en examen, dont ils contestaient la légalité.

Catherine Graciet, 42 ans, et Eric Laurent, 69 ans, sont mis en examen pour chantage et extorsion de fonds. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu soutirer trois millions d’euros au roi du Maroc en 2015, en échange de l’abandon d’un livre censé contenir des révélations gênantes pour Rabat.

Les deux journalistes avaient été interpellés le 27 août 2015, en possession de 80 000 euros en liquide, au sortir d’une réunion avec un émissaire du Maroc enregistrée à leur insu par ce dernier. Eric Laurent avait déjà été enregistré lors de deux rencontres précédentes avec l’émissaire, l’avocat Hicham Naciri.

Un arrêt sans appel

Les avocats des deux journalistes, qui reconnaissent un accord financier mais réfutent tout chantage, demandaient l’annulation des deux derniers enregistrements au motif qu’ils sont « illégaux » car réalisés par l’émissaire marocain, alors même qu’une enquête était déjà ouverte.

Saisie une première fois, la Cour de cassation avait estimé en septembre 2016 que ces enregistrements avaient été menés avec la « participation indirecte » des enquêteurs français « sans le consentement des intéressés », ce qui portait « atteinte aux principes du procès équitable et de la loyauté des preuves ».

Mais en février 2017, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Reims avait jugé ces enregistrements recevables. Les journalistes en cause avaient formé un nouveau pourvoi.

Cette fois réunie en assemblée plénière, la Cour de cassation a estimé que les enquêteurs n’avaient eu qu’un rôle « passif » et non constitutif d’une implication dans la récolte des preuves contre les journalistes. Cet arrêt n’est pas susceptible d’appel. Le dossier va désormais retourner entre les mains des juges d’instruction, qui pourront soit renvoyer l’affaire devant un tribunal, soit prononcer un non-lieu.