L’eurodéputée Michèle Rivasi lors de la soirée de résultats du premier tour de la primaire d’Europe écologie-Les Verts), le 19 octobre. | JULIEN MUGUET POUR LE MONDE

La maladie, voire la mort, provoquée par l’utilisation d’un tampon hygiénique : un documentaire d’Audrey Gloaguen, diffusé mardi 25 avril sur France 5, met en lumière les cas de syndrome du choc toxique (SCT). Tampon, notre ennemi intime pointe aussi le secret autour de leur composition, jalousement gardée par les fabricants. Et pour cause : ils contiendraient glyphosate, dioxines, phtalates et autres substances chimiques dangereuses pour la santé humaine.

L’eurodéputée Michèle Rivasi (Verts-Alliance libre européenne) revient sur l’absence d’obligation pour ces industriels d’en dévoiler la composition.

Quel est le problème au niveau réglementaire ?

Le problème, c’est le laxisme de la Commission européenne vis-à-vis des industriels. Rien ne les oblige à révéler les composants des tampons. Sous couvert d’élaborer une réglementation draconienne, la Commission se contente d’un code de bonne conduite élaboré par les fabricants eux-mêmes ! Complice des industriels, et dans la logique de [son président Jean-Claude] Juncker, selon laquelle il faut arrêter de réglementer, elle ferme les yeux sur l’impact sur la santé des consommateurs.

L’ECHA [l’Agence européenne des produits chimiques, sur laquelle s’appuie la Commission pour fixer les seuils maximaux de substances toxiques] ne fait pas son travail. Elle ne mène pas d’étude précise : qu’y a-t-il dans ces tampons ? Quels sont les éventuels effets sur les femmes ? Le souci réside dans son fonctionnement. On y trouve des associations environnementales bien sûr, mais aussi beaucoup d’industriels et des associations comme l’Edana, qui représente les intérêts de l’industrie des produits absorbants.

Avez-vous déjà soulevé le sujet auprès de la Commission ?

J’ai posé le 29 février 2016 une question à la Commission sur la transparence et l’étiquetage sur la composition des produits hygiéniques, à la suite des cas de syndromes du choc toxique liés à l’utilisation de tampons. C’est réclamé par des centaines de milliers de personnes, à travers des pétitions… Je m’appuyais en outre sur une étude de l’Institut national de la consommation de France montrant la présence de produits interdits tels que le DEHP [un phtalate, cancérigène].

Leur réponse ? Un manque total de respect. La Commission « a pris note de la communication des autorités françaises du 4 mars 2016 indiquant que des études récentes n’ont révélé aucun risque pour les utilisatrices et confirme qu’elle n’envisage actuellement pas de mesures réglementaires au sujet des tampons ». Sur quelle base proclament-ils qu’il n’y a pas de produits toxiques, quelles sont ces études auxquelles ils font référence ? Je vais leur écrire à nouveau. Il faut savoir qu’il est difficile pour les médecins d’identifier les cas de syndrome du choc toxique dus à l’utilisation des tampons : ils manquent d’information. Pour le scandale de la pilule Diane 35 par exemple, il a fallu plusieurs morts pour qu’ils se rendent compte de la corrélation entre le produit et les thromboses veineuses.

Quelles seraient les solutions envisageables ?

J’en vois deux : soit la Commission oblige les gros industriels comme Procter & Gamble ou Johnson & Johnson à révéler leurs composants, soit les tampons changent de catégorie. Ils pourraient être classés non plus dans les produits de consommation classique, mais dans les dispositifs médicaux, comme les pansements ou les gazes.

La réglementation que nous venons de voter sur ces dispositifs médicaux interdit tout composant cancérigène, mutagène ou reprotoxique, et oblige les fabricants à en indiquer la composition exhaustive. Les perturbateurs endocriniens sont autorisés dans la limite de 0,1 %, si aucun produit de substitution n’est disponible. Mais pour le moment, la Commission refuse de classer les tampons dans les dispositifs médicaux sous prétexte que les règles sont un phénomène physiologique normal, sans maladie à la clé. Les consommatrices devraient boycotter ces produits jusqu’à obtenir un étiquetage.