Marine Le Pen désigne Emmanuel Macron comme le candidat du « monde de la finance »
Marine Le Pen désigne Emmanuel Macron comme le candidat du « monde de la finance »
Par Olivier Faye
La candidate du Front national organisait, lundi 1er mai, au parc des Expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis), son dernier grand meeting avant le second tour de l’élection présidentielle.
Marine Le Pen au parc des Expositions de Villepinte, le 1er mai. | Laurence Geai pour "Le Monde"
Convaincre et se convaincre que le second tour n’est pas encore perdu. C’est la gageure que tente de mener à bien Marine Le Pen dans cet entre-deux-tours de l’élection présidentielle, qui l’oppose au candidat d’En marche !, Emmanuel Macron.
En meeting au parc des Expositions de Villepinte, dans la banlieue nord de Paris, lundi 1er mai, la candidate du Front national a tenté de se présenter comme la surprise, qui va venir coiffer au poteau son adversaire, malgré des sondages qui donnent M. Macron gagnant, le 7 mai, avec un écart confortable de seize à vingt-deux points face à Mme Le Pen.
Pour la députée européenne, l’ancien ministre de l’économie va rejoindre la liste des « présidents de droit divin » qui auraient été désignés président de la République à un moment ou à un autre durant la campagne. « Juppé, il était imbattable. Fillon, il était désigné au lendemain de la primaire », a-t-elle raillé, renvoyant M. Macron au rôle joué par Hillary Clinton lors de l’élection présidentielle américaine, qui a vu la démocrate perdre par surprise contre le républicain Donald Trump.
« L’adversaire du peuple français, cette fois il a un nom »
La fille de Jean-Marie Le Pen, qui prenait la parole devant plusieurs milliers de personnes — le FN disait attendre plus de dix mille sympathisants —, a détourné la diatribe contre la finance lancée par François Hollande lors de son discours du Bourget, en janvier 2012 : « L’adversaire du peuple français, c’est toujours le monde de la finance, et cette fois il a un nom, il a un visage, il a un parti, il présente sa candidature, il s’appelle Emmanuel Macron. »
Le matin même, la direction du Front national est allée déposer une gerbe de fleurs, sans Marine Le Pen, ni la presse (à l’exception de BFM-TV), qui n’avait pas été conviée, devant une statue de Jeanne d’Arc dans le 13e arrondissement de Paris. La députée européenne n’a pas fait référence à la pucelle d’Orléans dans son discours, comme le veut la tradition frontiste le 1er-Mai depuis une trentaine d’années.
Pour convaincre les électeurs, Marine Le Pen a tenté de ratisser au plus large. « Je suis la candidate de la France qui se lève tôt, de celle qui refuse l’insensibilité du monde de l’argent », a-t-elle déclaré. Une manière d’adresser, dans la même phrase, une référence à l’expression fétiche de Nicolas Sarkozy et un appel du pied à l’électorat de gauche.
Imbroglio sur l’euro
Ce dernier grand meeting organisé par la candidate d’extrême droite avant le second tour a permis de mettre en scène une nouvelle fois le ralliement du président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan. Ce dernier a précédé Marine Le Pen à la tribune. L’occasion pour lui de rappeler quels sont à ses yeux les « enjeux essentiels » du quinquennat à venir : « libérer nos TPE, nos PME, nos indépendants du poids des charges » ; « baisser les impôts » ; « remettre en marche l’ascenseur social » ; « contrôler nos frontières ».
Quid de la sortie de l’euro, qui ne représente plus un « préalable » à toute politique économique, selon l’accord signé par le député de l’Essonne et la présidente du FN ? Le sujet a été chastement évité, aussi bien par le président de DLF que par Mme Le Pen.
Depuis la révélation de cet accord, samedi, un imbroglio s’est noué autour du délai et de l’importance accordée aux négociations avec l’Union européenne sur cette question. Sur Europe 1, lundi matin, Marine Le Pen a assuré que ces dernières pourraient aussi bien durer six mois à compter de son accession à l’Elysée, comme prévu initialement, que « huit ou dix mois ». « C’est pas le sujet, l’important, c’est d’obtenir gain de cause pour que cette monnaie unique se transforme en monnaie commune », a-t-elle dit.
Interrogé sur le nom de la monnaie avec laquelle les Français paieront leur baguette à l’avenir, le vice-président du FN, Florian Philippot, a pour sa part répondu sur France Inter : « Vous la payez un an après [l’élection] très probablement en francs, en nouveaux francs. Pas l’ancien, dans une nouvelle monnaie nationale. »