Un candidat du FN impliqué dans les négociations de Lafarge avec l’Etat islamique
Un candidat du FN impliqué dans les négociations de Lafarge avec l’Etat islamique
Selon Mediapart, le directeur sûreté du cimentier Lafarge, Jean-Claude Veillard, était cinquième sur la liste du trésorier du FN, Wallerand de Saint-Just, lors des municipales à Paris en 2014.
Marine Le Pen place la lutte contre le terrorisme et ses financements au cœur de son programme pour la présidentielle. Pourtant, l’un de ses anciens candidats et fervent soutien est également l’un des dirigeants du groupe Lafarge, qui s’est approvisionnée auprès de l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie et lui a payé des taxes.
Jean-Claude Veillard, directeur sûreté du cimentier Lafarge, est en effet impliqué dans une affaire révélée par Le Monde, dans laquelle le groupe a financé l’organisation terroriste en 2013 et en 2014.
Selon les informations publiées mercredi 3 mai par Mediapart, M. Veillard est également « un militant d’extrême droite engagé ». Lors des élections municipales de mars 2014 à Paris, « il fut cinquième sur la liste du candidat du Rassemblement Bleu Marine, Wallerand de Saint-Just, qui est actuellement le trésorier de la campagne présidentielle de Marine Le Pen ». A la même époque, ajoute le site d’information, Lafarge négociait avec l’EI.
Une « parfaite connaissance des tractations entre la multinationale et l’EI »
Comme Le Monde l’avait déjà souligné, Mediapart, s’appuyant sur des documents et des témoignages, fait état de la « parfaite connaissance [de M. Veillard] des tractations qui ont eu cours, en 2013 et 2014, entre la multinationale et l’Etat islamique (EI), auteur d’une vague d’attentats sans précédent en France en 2015 ». Interrogé sur son engagement aux côtés de Marine Le Pen, l’intéressé a invoqué auprès de Mediapart « une affaire personnelle et privée ».
Selon nos informations publiées en juin, le cimentier Lafarge avait missionné un intermédiaire pour obtenir de l’EI des laissez-passer pour ses employés aux check-points en Syrie en 2013 et en 2014, afin de maintenir en activité sa cimenterie située à Jalabiya, à 150 km au nord-est d’Alep. La société française avait aussi bénéficié de l’intervention d’intermédiaires et de négociants visant à vendre au cimentier du pétrole raffiné par les djihadistes. L’Etat islamique avait fini par prendre le contrôle du site en septembre 2014.
Après une plainte de Bercy, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire en octobre sur le groupe, soupçonné d’avoir enfreint les sanctions édictées par l’Union européenne contre le régime de Bachar Al-Assad et plus généralement l’interdiction de toute relation avec les organisations terroristes présentes en Syrie. Dans ce cadre, plusieurs responsables du groupe et de sa filiale ont été entendus par les enquêteurs des douanes judiciaires. Eric Olsen, patron de LafargeHolcim (Lafarge a fusionné avec le Suisse Holcim en 2015), a annoncé sa démission fin avril, sous la pression de son conseil d’administration.
L’ONG Sherpa a pour sa part déposé une plainte pour des faits de financement du terrorisme, de complicité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité et de mise en danger délibérée d’autrui.