Présidentielle : à la mi-journée, paroles d’électeurs
Présidentielle : à la mi-journée, paroles d’électeurs
Depuis l’ouverture des bureaux de vote, à 8 heures, les envoyés spéciaux du « Monde » suivent le second tour de l’élection présidentielle dans différentes villes françaises.
Jour de vote au groupe scolaire Jules-Ferry, dans les bureaux n° 4 et n° 5, à Sarcelles. | Camille Millerand / Divergence pour "Le Monde"
Depuis l’ouverture des bureaux de vote, dimanche 7 mai à 8 heures, les envoyés spéciaux du Monde suivent le second tour de l’élection présidentielle entre Emmanuel Macron (En marche !) et Marine Le Pen (Front national). A midi, la participation était de 28,23 %, selon les chiffres communiqués par le ministère de l’intérieur. Un niveau quasi stable par rapport à celui du premier tour (28,54 %). La participation est toutefois en baisse par rapport au second tour du scrutin de 2012, qui s’élevait à 30,66 % à la même heure.
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Dans le Loiret : Le Pen, « c’est pire » que Macron
A Châlette-sur-Loing, ville PCF, Jean-Luc Mélenchon (27,74 %) est arrivé devant Marine Le Pen (25,08 %) au premier tour. C’est la seule commune du département qui ait placé en tête le candidat de La France insoumise. Yves et Chantal Sgitcovich sont retraités. Après avoir voté pour Mélenchon le 23 avril, ils ont glissé un bulletin Macron ce matin : « On a voté parce qu’on était obligés. L’autre, c’est pire, alors autant prendre celui-là », souffle Yves, qui se vante d’avoir toujours voté à gauche. Macron, on ne sait pas trop où il se situe, il fait tous les partis, change de chemise en permanence, mais il nous inspire plus confiance. »
A Yerres : « Il faut arrêter de dire tous contre Le Pen »
A Yerres, le bureau de vote de no 4 attend toujours l’arrivée de Nicolas Dupont-Aignan, qui n’a pas annoncé l’heure de son vote. Marie-Hélène et sa fille Muriel ont voté pour « Nicolas » au premier tour et pour « Le Pen » au second. « Il faut arrêter de dire tous contre Le Pen », dit cette fonctionnaire de la RATP, qui estime qu’« avec Macron, la retraite on n’est pas près de l’avoir ». Depuis que le maire et candidat de Debout la France au premier tour a annoncé son ralliement à Marine Le Pen, qui a dit qu’elle le choisirait comme premier ministre, plusieurs électeurs évoquent cependant une « trahison » et une « faute politique » d’un élu qu’ils qualifient de « bon maire ».
A La Roche-sur-Yon, sœur Marie-Rose Pain vote Le Pen
Sœur Marie-Rose Pain — « Pain comme la Sainte Eucharistie » — n’a pas trop de difficultés à admettre qu’elle a voté Marine Le Pen, et pourtant elle a plein de petits élèves étrangers, dans ce quartier un peu difficile de Pont-Boileau, à La Roche-sur-Yon, quatre tours, les seules, plantés dans un coin de la ville. Marine Le Pen est arrivée en troisième position au premier tour dans ce bureau. « Je leur dit, c’est très bien de venir apprendre le français, mais après, il faut rentrer dans votre pays ! Au lieu d’y envoyer des ONG qui font le travail à votre place ! », s’exclame Sœur Marie-Rose, restée du côté des Chouans, du haut de son mètre cinquante.
A Lille : « Macron, mais c’était compliqué »
Boulevard Victor-Hugo, dans un bureau de vote à dominante mélenchoniste au premier tour, Layisani Dorcass, 18 ans « et demi », est venue voter pour la première fois ce dimanche. Elle est accompagnée de sa maman, congolaise. « Moi, je ne suis pas française, mais ma fille si, alors elle est venue voter », explique Suzanne, la mère. Grippée, Layisani est venue malgré le ciel gris et les 12 degrés. « J’ai voté Macron, mais c’était compliqué… » Camille Demaret, traductrice de 31 ans, n’a pas hésité. Après avoir voté Mélenchon il y a quinze jours, elle a glissé un bulletin Macron car elle « ne veut pas voir le FN à la tête du pays ».
Le maire (FN) de Brachay : « Pas des assassins, juste des oubliés »
Dans cette commune de 55 habitants acquise au vote Front national, « on n’est pas des assassins, juste des oubliés », assure le maire, Gérard Marchand. C’est ici, dans ce village de la Haute-Marne, que Marine Le Pen fait sa rentrée politique depuis plusieurs années. Au premier tour de la présidentielle, le FN y a dépassé les 83 %. « C’est pas pour ça qu’on n’est pas des gens biens », insiste l’élu-agriculteur-éleveur de 58 ans. Lui vote FN depuis bien longtemps. Maire de Brachay depuis bientôt vingt ans, il avait même déjà donné son parrainage « au père ». Mais sa carte du parti, il la doit à Marine Le Pen, qui lui en a fait « cadeau » en 2013. Depuis, il la reprend tous les ans.
A Rennes : Macron, « un vote anti-Le Pen »
« Vous venez chez les gauchistes ! », s’exclame Patrick Glamel, 55 ans, chef de projet en électricité, qui vote dans un bureau où Jean-Luc Mélenchon a fait bonne figure au premier tour. Cette fois, il a glissé un bulletin Macron dans l’urne, mais il prévient : « Ce n’est pas un vote d’adhésion. C’est un vote anti-Le Pen. » Macron, pour lui, « c’est de la politique 2.0. Dites-moi ce que vous voulez, je vous donnerai un programme ! » Il espère cependant qu’en cas d’élection, l’ex-ministre de l’économie ne sera pas « l’ultralibéral qu’on nous présente parfois ».
A Marseille, des fillonistes : « Pour voter blanc »
Les électeurs de Fillon au premier tour, majoritaires dans ce secteur dont la députée est Valérie Boyer, se sont-ils déplacés ce matin ? La réponse est oui pour Guy et Brigitte, lui employé de banque, elle salariée du secteur médical. « Pour voter blanc », expliquent-ils, en chœur. « Le débat n’était vraiment pas intéressant », regrette-t-elle. « On attend les législatives », se projette monsieur. Tous deux estiment que le « troisième tour » de la présidentielle se jouera en juin.
A Sarcelles : le vote Macron, un « jeune homme intelligent »
Elisabeth et Véronique, caissières de 59 ans et 52 ans, habitantes de Sarcelles depuis dix-sept et trente et un ans, votent des deux mains pour ce « jeune homme intelligent qui a un bon programme », dit Véronique. Et d’ajouter : « Il pense à la fois aux chômeurs et aux entreprises. Avec lui, il y aura des créations d’emplois. » Si Elisabeth, elle, avait une hésitation, le débat de l’entre-deux-tours a fini de la convaincre : « Lui, il connaît son programme, pas elle. Elle ne faisait que regarder ses fiches et dire des accusations sans fondements. »