Le fondateur de Citymapper, Azmat Yusuf, le 6 décembre 2016, à Londres. | John Phillips / AFP

Dans la révolution high-tech du transport, jusqu’ici c’était simple. Les opérateurs classiques de bus et de métro créaient des outils numériques – sites Internet, applications – pour éviter de se faire doubler par les start-up et autres pure players du digital. Et voilà que l’un de ces nouveaux acteurs, Citymapper, créateur d’une « appli » de guidage urbain, fait le chemin inverse et lance sa propre ligne de bus.

Mardi 9 mai, trois « smartbus » siglés Citymapper ont fait leurs premiers essais dans le centre de Londres. Des véhicules de trente places d’un vert éclatant ont tourné sur un circuit de moins de quatre kilomètres passant par les ponts de Waterloo et Blackfriars, non loin du siège de la start-up sur la rive droite de la Tamise.

Les engins font évidemment bon accueil aux smartphones. Ils sont équipés de prises USB pour la recharge des appareils et sont entièrement connectés à l’application Citymapper afin que les passagers puissent déterminer temps de parcours et heure d’arrivée. Par ailleurs, une application, que le chauffeur consulte sur tablette, l’assiste dans la gestion de son trajet.

Créer des lignes complémentaires

Mais pourquoi un tel choix ? Pourquoi se compliquer la tâche en passant du numérique au physique, des lignes de code aux lignes tout court ? L’ambition est de révolutionner le bus, le rendre plus sexy, plus efficace, en créant des lignes complémentaires de celles existant, plus dynamiques, dotées d’arrêts fixes, mais dont la route peut changer, s’ajustant aux conditions de circulation.

La révolution est pour le moment fort modeste. Le test des bus est limité à deux jours – mardi 9 et mercredi 10 mai – et Citymapper n’a pas encore décidé quand un véritable service commercial sera opérationnel, ni combien de bus et de quelle taille tourneront à terme dans Londres.

Il n’empêche : les dirigeants de Citymapper se sentent pousser des pneus. Ils ont – atout majeur – le soutien de Transport for London (TFL), la toute-puissante autorité organisatrice des transports londoniens pour ce projet. « Nous sommes en discussion avec TFL pour les prochaines étapes », indique Jean-Baptiste Casaux, chargé du développement de la start-up.

Et Citymapper n’a pas l’intention de cantonner son innovation aux rues de Londres. « Nous serions heureux d’engager des discussions avec d’autres villes », poursuit M. Casaux. Une ambition qui risque de faire grincer quelques dents chez les opérateurs historiques.